Les ressortissants des espaces communautaires Maleke-Ibaya et Eluku, originaires du territoire de Monkoto dans la province de la Tshuapa dans le Grand Équateur contestent à l’exécution du projet de la Foresterie communautaire par l’ONGD AASD dans le corridor du parc national de la Salongo.
Dans une déclaration rendue publique, lue par Me Boni Beyoku, l’un des notables de Maleke-Ibaya, mardi 17 août 2021, les ressortissants de deux communautés victimes condamnent avec force l’imposition par le ministère de l’Environnement et Développement durable du projet de la Foresterie communautaire dont l’organe d’exécution est l’ONGD AASD assistée par RAINFORREST ALLIANCE, qui doit être réalisé dans leur territoire au mépris de toutes les règles et procédures légales et sans le consentement de leurs populations. Et ce, avec l’appui financier de Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), du Fonds pour l’Environnement Mondial(FEM) ainsi que d’autres partenaires.
Rappelons qu’en 1970 lors de la création du Parc National de la Salongo, aujourd’hui Patrimoine Mondiale de l’Unesco et deuxième poumon mondiale après l’Amazone, les populations de Monkoto avaient été contraintes de laisser leurs terres qui représentent plus de 55% de la superficie de ce Parc sans aucune quelconque indemnisation jusqu’à ce jour et ce, au mépris de toutes les règles internationales en la matière. C’est cette situation qui est aujourd’hui à l’origine du phénomène de la malnutrition observée dans leur communauté.
Les communautés soutiennent que la population de Monkoto, spécialement celle du secteur de Monkoto partageons tous une même forêt dans le Corridor du Parc et refusent toute forme de foresterie communautaire sous prétexte d’unique voie de développement de la contrée. Elles reinterent leur opposition contre ce projet diabolique qui vise la création d’autres espaces de conservation en dehors du Parc pour continuer à faire souffrir les populations.
Par ailleurs, ils estiment que si l’Etat congolais et ses partenaires se soucient réellement du bien-être des populations riveraines de ce Parc, il serait très raisonnable d’abord de réaliser un audit sérieux sur l’utilisation des fonds alloués à ce projet, l’ONGD AASD n’étant pas dans sa première mésaventure dans le territoire de Monkoto et ensuite d’affecter ces fonds à un projet qui répond réellement aux besoins de la communauté locale notamment à la construction des écoles modernes, des routes, des ponts et des bateaux pour l’évacuation de des productions agricoles en lieu et place de la Foresterie communautaire.
Elles prennent à témoin toute la communauté tant nationale qu’internationale du fait qu’après plusieurs lettres d’oppositions adressées aux autorités politico-administratives contre ce projet, celles-ci n’ont prêté aucune attention aux préoccupations des populations jusqu’à refuser d’écouter la plaidoirie de l’actuel député national, l’un de dignes fils du terroir contre toutes règles de gestion d’un État Démocratique obligeant ainsi la population à se prendre en charge.
Les filles et fils de Monkoto exigent au gouvernement de mettre fin à l’exécution immédiate de ce projet impopulaire qui ne répond pas aux attentes de la population afin de ne pas tourmenter le quiétude de la population. A défaut, ils sont prêts à ignorer carrément l’existence du Parc National de la Salonga et reprendre la chasse et la pêche dans les forêts comme ils faisaient avant sa création.
Bibiche Mungungu