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A cause de la détention illégale de leurs clients à l’ANR: Maîtres Bertin Amani et Kabengele menacent de porter plainte contre les agents qui abusent du pouvoir de l’Etat

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Deux personnes dont Me Urbain Safi et Me William Balume Kavebwa, sont détenus illégalement depuis près de 120 jours dans les geôles de l’Agence nationale des renseignements

(ANR). Leurs avocats, Me Bertin Amani et Me Kabengele Ilunga, ont dénoncé cet état des choses et exige leur libération immédiate ou le transfèrement devant la justice. Faute de quoi, ils se verront dans l’obligation

Me Bertin Amani et Me Kabengele Ilunga ont fait cette déclaration jeudi 14 avril 2022 au siège de la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV), au cours d’un face à face avec la presse, en présence de Mme Laurette Misenga, Directrice adjointe de cette Ong de défense des droits de l’homme. De prime abord, Me Bertin Amani, avocat-conseil de Me Urbain Safi, regrette que la promesse de ne pas faire de l’ANR un cachot de droit commun n’a été qu’une farce de mauvais goût. « Notre grande surprise aujourd’hui, est de constater que les pratiques décriées hier, continuent à être observées au niveau de l’ANR », a-t-il dit, rappelant que son client a été arrêté depuis le 21 novembre 2021 à l’ANR. « Les visites que nous lui avons rendues, révèlent qu’il lui aurait été reproché les actes attentatoires à la sûreté de l’Etat. Mais après nos investigations, nous avons constaté que c’est plutôt pour des raisons étrangères à cette infraction », a-t-il renseigné.

En effet, poursuit Me Bertin Amani, son client Me Urbain Safi est facilitateur dans le recouvrement des créances. Avant d’être appréhendé, il était en train de faciliter le recouvrement des créances de dizaine de millions de dollars américains auprès de la Gecamines, et qu’une partie de ces créances aurait déjà été payée. C’est donc pendant qu’il cherchait d’exerçer cette fonction, poursuit Me Bertin Amani, que son client a été appréhendé par la complicité d’un certain colonel, qui se trouvait dans une même équipe avec un pasteur devenu Conseiller du Chef de l’Etat et d’un haut responsable de l’ANR. 

« A notre question de savoir de quels actes attentatoires à la sûreté de l’Etat s’agissaient-ils, aucune réponse ne nous a été donnée », dénonce cet avocat, soulignant que personne ne peut attenter seul à la sûreté de l’Etat. « Nous avons également cherché à savoir si l’ANR en tant que OPJ relevant d’un parquet, pouvait détenir quelqu’un en garde à vue pendant plus de 48 h. Et lorsque nous avons tenté d’approcher l’administrateur général de l’ANR, la porte nous a été fermée. Pourtant, notre souci était de lui faire savoir que les actes qui étaient en train d’être posés par l’ANR en détenant des citoyens congolais ou étrangers au-delà de 48 heures, sont en train de ternir l’image du régime que tous les congolais ont souhaité voir », a expliqué Me Bertin Amani.

Il a par ailleurs informé que son client Me Urbain Safi est très souffrant et son état nécessite des soins médicaux. Il regrette aussi le fait que des personnes usent de leur influence auprès du Chef de l’Etat pour mener la vie dure aux autres. A ce sujet, Me Bertin Amani dit avoir dénoncé cette pratique à travers une correspondance adressée au président de la république, Félix Tshisekedi avec des copies réservées à quelques instances du pays et structures de défense des droits de l’homme, notamment la VSV, afin que cette situation puisse changer.

En effet, poursuit-il, n’ayant pas trouvé gain de cause dans toutes les démarches amorcées, ils ont trouvé mieux d’approcher les Ong de défense des droits de l’homme dont la VSV, afin que leurs cris soient entendus et que son client puisse recouvrer sa liberté.

De son côté, Me Kabengele Ilunga, avocat-conseil de Me William Balume Kavebwa, a salué l’organisation de cette tribune par la VSV, laquelle concoure à faire respecter les droits de l’homme, surtout que l’Etat de droit auquel aspire notre pays, n’est qu’un processus non encore acquis. Il ajoute que son client est avocat de profession inscrit régulièrement au barreau du Nord-Kivu. Il a été interpellé le 21 novembre 2021 à l’aéroport international de N’djili, alors qu’il s’apprêtait à prendre son avion pour Dubaï, où il devait assister à une réunion. « Alors qu’il attendait dans la salle d’attente après avoir effectué toutes les formalités avant d’embarquer dans l’avion, il s’est interpellé par un officier qui l’a conduit en dehors de l’aéroport où il a été embarqué manu militari dans un véhicule pour une destination inconnue, jusqu’à ce que nous avons eu vent qu’il serait détenu à l’ANR. Le 31 décembre 2021, nous avons écrit à l’Administrateur général de l’ANR, afin qu’il lui soit reconnu les droits à la visite et le droit de se constituer un conseil, de sorte qu’il puisse organiser sa défense », a raconté Me Kabengele, ajoutant que la femme de son client a finalement reçu un coup de téléphone une semaine après, l’invitant à rendre visite à son mari.

Sécuriser aussi les citoyens

Pour Me Kabengele, l’ANR ne doit pas seulement sécuriser les institutions, mais aussi le peuple congolais, car si elle se met à réduire les libertés des citoyens, elle risque de se transformer en une agence de répression. « En plus, nous avons écrit à toutes les autorités, notamment le président de la république, les président de deux chambres du parlement, le ministre des Droits et celui de la Justice pour entrer en contact avec notre client accusé aussi d’atteinte à la sûreté de l’Etat, jusqu’à aujourd’hui, il y a un silence radio », dénonce-t-il, invitant le Chef de l’Etat à recadrer les choses, au risque que le régime démocratique ne soit transformé en un régime totalitaire.

Au regard de tout ce qui précède, les avocats de deux détenus se sont posé la question de savoir : Où serait l’égalité des citoyens devant la loi et devant les services publics, lorsque Maîtres Balume et Safi sont gardés au-delà de 48 heures ; alors que cela n’a pas été le cas pour M. François Beya ? En ce qui concerne le dossier des personnes accusées d’atteinte à la sûreté de l’Etat, Me Bertin Amani précise que ces accusés passent devant une commission, comme cela a été le cas de M. François Beya. « Pour nos clients, il n’y a eu que quelques OPJ, pour la simple raison que, ce sont des cas qui n’ont rien à voir avec l’infraction pour laquelle ils sont poursuivis. « Dans ce cas, peut-on alors permettre dans un Etat de droit, que des citoyens puissent se servir de leurs qualités officielles, pour préjudicier les autres ? », s’est-il demandé, avant de solliciter la délocalisation de leurs clients du cachot de l’ANR. Dans le cas contraire, dit-il, une plainte sera déposée contre quiconque porterait ces qualités, en appliquant la théorie des actes détachables, pour la simple raison que, l’individu qui agit en dehors de ce que la loi permet, n’engage plus l’Etat, mais plutôt sa propre responsabilité personnelle.

José Wakadila

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