Au cours d’une tribune accordée à la famille de feu Patrick Mushamuka, Dg de la société New sotem sous le thème « Non à l’instrumentalisation de la justice, de la police et des services de sécurité dans l’affaire du meurtre du Dg de New Sotem, M. Patrick Mushamuka Buhendwa », la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV), a par la bouche de son Directeur exécutif, Rostin Manketa, a dénoncé le fait qu’à travers cet assassinat, le droit à la vie ainsi qu’à la sécurité et au respect de l’intégrité physique de toute personne, a été violé.
A ce sujet dit-il, la VSV ne peut pas rester indifférente. C’est la raison pour laquelle a-t-elle donnée la voix à la famille du disparu, à travers ladite tribune. « il est inadmissible qu’une famille qui a perdu un de ses siens, fasse non seulement l’objet des menaces et puisse vivre en insécurité, mais aussi que la justice soit instrumentalisée dans un Etat de droit. C’est pour cela que la VSV exige d’abord, que cessent les menaces à l’égard des membres de la famille concernée, surtout que l’Etat a pour rôle, de garantir la sécurité de tous les citoyens », a-t-il lancé, avant d’exiger que toute la lumière soit faite sur le meurtre de Patrick Mushamuka et que toutes les circonstances qui entourent cet assassinat, soient élucidées, et que tous les responsables impliqués, quel que soient les niveaux où ils se trouvent, répondent effectivement de leurs actes et que justice soit faite.
Pour Rostin Manketa, cela constitue aussi une manière de lutter contre l’impunité dans un Etat qui se dit « Etat de droit ».
Les faits
Selon les explications fournies par son grand frère Louis de Gonzales Bisimwa, cet événement malheureux auquel la famille ne s’attendait pas. Leur frère Patrick Mushamuka est mort dans la nuit du 1er au 2 mai, alors qu’il a été invité à une fête de l’enfant de l’un de ses amis. Criblé des balles par des inconnus sur l’avenue Cataractes, près de Lolo la crevette, à Macampagne, alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture aux alentours de l’Eglise Saint-Luc. Il a succombé de ses blessures, alors que l’un de ses amis, Ahmed Kasongo tentait de l’acheminer à l’hôpital.
A en croire son grand frère Bisimwa, la victime était l’objet des menaces de mort de la part de son ex-épouse Mireille MWILARHE, avec laquelle il venait de divorcé et bénéficié la garde de leurs trois enfants ainsi que d’une fille adoptive. « Mais à plusieurs reprises, il ne cessait de se plaindre des menaces de mort lui proférés par son ex-épouse à travers des messages écrits et oraux, qu’elle va le tuer », a souligné le grand frère du défunt, soulignant que la dernière menace date du 1er mai 2020, jour qui coïncide avec son assassinat. Simple coïncidence ? Aux enquêteurs de donner la lumière.
Feuilleton judiciaire
Tout est parti d’un feuilleton judiciaire datant de 2019 autour de la garde des enfants entre les deux conjoints. A l’époque, son ex-épouse Mireille MWILARHE avait saisi le Tribunal de paix de Kinshasa/Ngaliema pour solliciter le divorce, quelques jours après avoir quitté la maison avec les enfants et quelques biens, y compris le coffre-fort avec argent et bijoux de valeur. Néanmoins, en date du 15 mars 2019, le président du Tribunal de paix de Kinshasa/Ngaliema, a décidé à travers l’ordonnance n° 33483/2019 portant mesures urgentes et provisoires, d’accorder la garde de la fille aînée du couple, à Mme Mireille ; tandis que les deux garçons à M. Patrick.
Non contente, Mme Mireille Mwilarhe va interjeter appel devant le TGI de Kinshasa/Gombe, lequel a rendu un jugement sous RCA 2240, accordant finalement la garde de trois enfants à Mr Patrick Mushamuka.
Mme Mireille Mwilarhe a été contraint de s’exécuter volontairement, afin d’éviter l’exécution forcée à l’endroit des enfants, chose qu’elle a catégoriquement refusé. C’est alors qu’une procédure en exécution a été lancée sous RH 53. 764, ce qui a permis aux huissiers de justice, de pouvoir récupérer les enfants au niveau de leur école, pour les confier à M. Patrick Mushamuka.
Prise de colère, Mme Mireille saisira le Tribunal pour enfants de Kinshasa/Ngaliema, lequel l’a finalement déboutée au profit du mari. Contre toute attente, elle va rebondir sous RCE 8119 devant le même Tribunal pour enfants de Kinshasa/Ngaliema où elle obtiendra cette fois-ci, gain de cause.
Origine des menaces
Face à ce jugement inique qui ne rencontrait nullement l’intérêt des enfants, M. Patrick va également interjeter appel. De son côté, ayant appris que le nouveau jugement allait être en faveur de son mari, Mme Mireille Mwilarhe va saisir la Cour de cassation, qui a décidé la surséance du procès. C’est alors que débuta une escalade de trafic d’influence et des menaces de mort.
Le grand frère du défunt raconte qu’au lendemain de l’assassinat de son frère, sa belle- sœur Mireille Mwilarhe s’est présentée devant la résidence de son ex-mari avec un impressionnant dispositif des jeeps postés aux coins de l’avenue, pour récupérer les enfants. C’est là qu’elle fut appréhendée par les éléments de la police la recherchait.
Pour l’avocat de la famille, Me Kabengele Ilunga, a fait savoir qu’avant sa mort, des éléments d’investigations ont révélé que sa victime avait bu et mangé jusque vers 23h dans un restaurant, après qu’il ait payé la facture avec sa carte bancaire ; tandis que son corps a été transféré à la morgue de la Clinique Ngaliema à 1h28, comme pour dire que le coup a été perpétré dans l’intervalle d’une heure trente.
A l’issu des investissements, quelques assassins ayant partagé avec la victime la dernière heure et le dernier repas, avaient été arrêtés, avec l’aide de la police technique et scientifique et mises à la disposition du parquet. Curieusement affirme-t-il, deux d’entre ces personnes ont été relaxées, brouillant ainsi toutes les pistes. « Même les relevés téléphoniques de tous ceux qui ont été en contact avec la victime ont été effacés », a regretté cet avocat de renom, avant de soutenir son client été invité par voie téléphonique.
Me Kabengele a également regretté le manque de collaboration entre la justice, la police technique et scientifique ainsi que les avocats, ce qui aurait permis de mettre la main sur tous les criminels qui ont concouru à ce meurtre. A ce jour, le dossier est fixé pour lundi 25 juillet 2022 au CPRK, ex-prison centrale de Makala, avec disjonction des poursuites à charge de Mme Mireille Mwilarhe ; tandis que les deux prévenus qui été relaxés vont comparaitre en hommes libres, chose qui ne peut pas s’expliquer lorsqu’il s’agit d’un assassinat ; surtout que ces personnes ont passé les dernières heures avec la victime. « Comme le parquet ne nous a pas suivi dans notre démarches, nous avons initié une citation directe qui sera jointe aux poursuites déclenchées par le parquet », a conclu Me Kabengele,
Pour sa part, la grande sœur de la victime a sollicité l’implication du Magistrat suprême du pays, Félix-Antoine tshisekedi, afin que justice soit rendue à la famille du disparu.
A noter que la victime, Patrick Mushamuka Buhendwa fut architecte-entrepreneur et responsable de la société New Sotem, une entreprise qui a fait ses preuves dans la construction de quelques stades municipaux de la capitale.
José Wakadila