Selon un rapport publié le 14 février dernier par l’Union internationale du gaz (International Gas Union/IGU) en collaboration avec le cabinet de recherche et de conseil Hawilti, l’Afrique peut réduire de 50 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2), en remplaçant le charbon par le gaz naturel dans la production d’électricité.
Pour l’Union internationale du gaz, ce dernier à l’état naturel, peut offrir un avantage immédiat en matière de réduction des émissions, lorsqu’il remplace les sources d’énergie à plus forte empreinte carbone, telles que la biomasse, le bois, le charbon et le diesel. Le remplacement du diesel et du kérosène par le gaz naturel dans les industries et les foyers, est par exemple susceptible de réduire leurs émissions d’un tiers.
Le rapport rappelle par ailleurs que l’Afrique compte un cinquième de la population de la planète, mais ne représente que 3 % des émissions mondiales de CO2. Le rapport indique également que l’utilisation de 90 milliards de m3 supplémentaires par an de gaz pour développer les industries africaines des engrais, de l’acier, du ciment et du dessalement de l’eau de mer n’entraînerait que des émissions cumulées de CO2 de 10 gigatonnes. Cela porterait la part de l’Afrique dans les émissions mondiales de 3 % actuellement à 3,5 % en 2050.
En outre, un triplement de la consommation d’électricité en Afrique subsaharienne basé exclusivement sur les centrales à gaz, n’engendrerait que des émissions supplémentaires de CO2 équivalentes à 1% des émissions mondiales et que les réserves prouvées de gaz naturel en Afrique, sont estimées à au moins 18 000 milliards de m3, soit environ 8,8% du total des réserves mondiales. Le rapport souligne que ces réserves sont notamment situées en Afrique du Nord (45%) et en Afrique de l’Ouest (32%) même si des quantités importantes de gaz naturel ont été découvertes dans d’autres sous-régions du continent.
D’autre part, la production du combustible fossile à la plus faible empreinte carbone (la combustion du gaz naturel rejette 25 % de moins de CO2 que le pétrole et moitié moins que le charbon) en Afrique, a augmenté de 2,5% en moyenne par an, au cours des dix dernières années, pour atteindre 280 milliards de m3 en 2021 et qu’en termes absolus, les volumes de consommation du gaz naturel restent faibles en Afrique : 160 milliards de m3 en 2021 contre plus de 570 milliards de m3 durant la même année pour l’Europe. C’est qui fait que la majorité de la population du continent n’a pas accès au gaz naturel.
Le rapport de l’Union internationale du gaz ajoure que les marchés gaziers locaux demeurent largement sous-développés ou inexistants, en particulier au sud du Sahara, où la majeure partie de la production est destinée à l’exportation. L’Afrique souffre donc d’une grande pauvreté énergétique, car près de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité et plus d’un milliard sont privés de moyens de cuisson propres. Le continent africain a également la plus faible consommation d’énergie primaire par habitant dans le monde. Cette consommation est estimée à 14,6 gigajoules (Gj), soit cinq fois moins que la moyenne mondiale (75,6 Gj), 16 fois moins que la consommation de la Belgique (235,8 Gj), et près de 20 fois moins que celle des États-Unis (279,9 Gj).
Le rapport fait remarquer au finish, que le remplacement du charbon, du pétrole, de la biomasse et du bois par le gaz naturel sur le continent africain, peut améliorer l’accès à l’énergie, débloquer des dizaines de milliards de dollars d’investissements, générer une croissance économique durable et créer des millions d’emplois pour les jeunes. Cependant, que les pays africains doivent améliorer l’impact environnemental de l’industrie gazière et utiliser les recettes des exportations de ce combustible fossile, pour renforcer leur production des énergies renouvelables et d’hydrogène, afin de rester sur une trajectoire de décarbonation à long terme.
Les projets hydroélectriques programmés en Afrique d’ici 2037 représentent près du double de la capacité installée
Pour sa part, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), souligne que l’Afrique figure parmi les régions du monde qui disposent du plus grand potentiel hydroélectrique, aux côtés de l’Asie et de l’Amérique latine, bien que sa capacité installée se limite actuellement à 34,3 gigawatts. En clair, la capacité cumulée des projets hydroélectriques programmés en Afrique d’ici 2037 s’élève à 60,8 gigawatts (GW), soit près du double de la capacité installée actuelle. Ces projets de centrales hydroélectriques sont programmés dans plusieurs pays du continent, dont l’Éthiopie, la RD Congo, le Nigeria, le Mozambique, la Tanzanie, l’Angola, le Cameroun, l’Ouganda et la Guinée.
Dans son rapport, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables souligne que des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) figurent parmi les installations hydroélectriques qui seront construites sur le continent au cours des quinze prochaines années. Ces stations, qui sont également connues sous l’appellation de centrales de pompage-turbinage, représentent une capacité globale de 4,9 GW. Elles sont prévues en Egypte, en Afrique du Sud et au Maroc.
A l’échelle mondiale, la capacité cumulée des projets de centrales hydroélectriques programmés d’ici 2037 s’élève à 650 GW, dont 136 GW devraient être générés par les stations de transfert d’énergie par pompage. L’Asie accapare près de 60 % de la capacité plus de 50 % de la capacité prévue grâce aux centrales électriques conventionnelles et plus de 50 % de la capacité totale des stations de transfert d’énergie par pompage figurant dans le pipeline des projets.
Le rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables indique également que les capacités additionnelles qui permettraient au monde d’atteindre les objectifs climatiques fixés à l’horizon 2050, nécessiteront des investissements estimés à 85 milliards de dollars par an, dans l’hydroélectricité conventionnelle et à 8,8 milliards de dollars par an, dans les stations de transfert d’énergie par pompage.
Alors que la production mondiale d’hydroélectricité a atteint 4,3 pétawattheures (PWh) par an en 2018, le potentiel hydroélectrique théorique est d’environ 50 pétawattheures par an (1 pétawattheure = 1 million de gigawattheures) à l’échelle planétaire. Le potentiel hydroélectrique technique est cependant évalué à entre 13 et 31 PWh par an. La majeure partie de ce potentiel se trouve en Asie, en Amérique latine et en Afrique, des régions où la demande d’électricité devrait enregistrer une forte croissance dans les décennies à venir dans un contexte d’urbanisation galopante et de forte croissance économique.
L’IRENA a aussi indiqué que des progrès considérables ont été réalisés dans le domaine de l’hydro-électricité à l’échelle planétaire depuis le début du 21è siècle. Entre 2000 et 2021, la capacité hydroélectrique installée a enregistré une croissance de plus de 75% pour atteindre 1230 GW.
La capacité des stations de transfert d’énergie par pompage a, quant à elle, augmenté de plus de 50 % au cours de la même période, pour atteindre 130 GW. « Ensemble, les installations hydroélectriques conventionnelles et les stations de transfert d’énergie par pompage représentent 65 % des capacités des énergies renouvelables installées au niveau mondial. Mais la majorité de cette capacité hydroélectrique installée se trouve actuellement en Asie (42 %). Viennent ensuite l’Europe (17%), l’Amérique du Nord (15%), l’Amérique du Sud (13%), l’Eurasie (7%) et le reste du monde (6%) », peut-on encore découvrir dans le rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.
José Wakadila