Une nation ne peut pas avancer sans la contribution des hommes et femmes dont le travail est de réfléchir et proposer des solutions non partisanes aux problèmes qui se posent à la société humaine.
Les professeurs des universités devraient être dans ce lot des hommes et femmes dont la charge n’est pas seulement d’enseigner, mais aussi d’éclairer et de montrer au reste de la société la voie qu’il faut suivre en cas de situation confuse.
Aujourd’hui, l’Assemblée Nationale a inscrit à son calendrier proposition de loi communément appelée « La loi Tshiani ». Une loi qui suscite des débats dans tous les milieux en République Démocratique du Congo.
Les uns, la soutiennent alors que les autres la rejettent. Dans ce débat, quel que soit le groupe qui parle, on sent plus de la pression que de la science.
Je pense qu’avant d’être politique, le débat devrait être scientifique.
Ceux qui ont la science et l’expérience suffisante pour aider la société à comprendre ce débat sont les professeurs de nos universités. Fort malheureusement, les professeurs et les universités ont choisi de se taire ou de s’abstenir.
Aucune université du Congo n’a organisé une conférence sur la question pour éclairer l’opinion ou partager la science.
Quelques professeurs de Kinshasa, de Lubumbashi ou de Bukavu qui ont échangé avec moi sur cette préoccupation disent s’abstenir au risque d’être mis dans l’un ou l’autre des camps qui se battent.
J’ai trouvé cette attitude irresponsable, car dans la déclaration de Kampala sur la liberté intellectuelle et la responsabilité sociale, les professeurs des universités africaines ont pris l’engagement de dispenser le savoir en toute liberté, mais aussi de participer aux combats sociaux des peuples africains.
Ceci montre que nous avons de moins en moins des professeurs engagés pour la science au Congo. Beaucoup se taisent pour préserver leur confort politique, professionnel, matériel ou financier. Et quand ils osent parler, ce n’est pas pour défendre la science ou pour éclairer la société en toute impartialité, mais pour soutenir les hommes politiques qui sont au pouvoir ou qui sont dans l’opposition.
La loi Tshiani peut-être une occasion pour sécuriser le pays ou pour le détruire. Mais combien de congolais la comprennent ? Comment ont-ils la comprendre si ceux qui ont la charge de distribuer la science ne l’expliquent pas de manière honnête et impartiale ?
Le fait que les universitaires se taisent alors qu’ils peuvent aider notre peuple à comprendre cette loi et ses enjeux, loin de toute passion qui caractérise les débats actuels, est une démission grave.
L’intérêt croissant des professeurs congolais pour la politique est un danger pour la science. Chacun prend des positions totalement alignées sur son engagement politique que sur la science.
Au vu de tout ça, nos universités sont aussi responsables du chaos qui s’installe au Congo chaque jour.
Je formule le vœu de voir les professeurs de nos universités être de véritables lampes au sein d’une société qui s’enfonce chaque jour dans la médiocrité.
Fait à Kinshasa, le 10 avril 2023
Me Jean Claude Katende
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Cette loi en soi n’est pas une nouveauté. Elle a été tirée mot pour mot du Journal Officiel N. 3 du Ier février 1984 dans son article 7 qui stipule :
Tout candidat au poste de Président du Mouvement Populaire de la
Révolution. Président de la République, doit remplir les conditions sur vantes:
1) avoir la nationalité zairoise d’origine, c’est-à-dire être des père et mere zairois;
2) être agé de 40 ans révolus au moins au jour du dépôt de la candidature