Dans un rapport d’enquête et monitoring sur le respect des droits sociaux, économiques de la population et le respect des pratiques démocratiques et des libertés publiques dans le milieu rural et périurbain, la Ligue congolaise pour la paix, les droits de l’homme et les élections (LICOPADEL), dit avoir fait un constat amer dans quelques provinces concernées, notamment le Kwango, le Sud-Ubangi, le Kongo-central, le Kasai-Central et la ville-province de Kinshasa.
Il se dégage de rapport rendu public mardi 23 mai 2023 au siège de cette structure de défense des droits de l’homme à Lemba/Salongo, le constat général ci-après : dans les quartiers, secteurs, villes et territoires des provinces enquêtées, l’équipe des défenseurs des droits de l’homme de la LICOPADEL a constaté plusieurs cas des violations des droits de l’homme.
Il y a par exemple le fait que les populations ont l’accès difficile aux infrastructures et aux besoins sociaux de base de qualité, le manque d’eau potable et l’instabilité de l’électricité caractérisée par des phénomènes de délestage durant la semaine.
En outre, les populations de tous les coins ci-haut cités, sont victimes de l’insécurité causée par les bandits appelés « Kuluna », qui font la loi au vu et su des services de sécurité.
Le coût des soins médicaux n’est pas à la portée des populations et les produits de première nécessité coûtent des yeux à la tête. Par ailleurs, la gratuité de l’enseignement de base est respectée dans les écoles officielles et publiques conventionnées Kimbanguistes, mais dans certaines écoles publiques conventionnées catholiques et protestantes, cette gratuité n’est pas respectée.
Sur le plan alimentaire, les populations sont dans une insécurité alimentaire, pour la simple raison que celles-ci vivent dans une pauvreté extrême. D’autre part, les filles dont l’âge varie entre 13 et 17 ans, sont victimes de viols suite à l’obscurité causée par le manque d’électricité ; et cela se termine par des arrangements familiaux.
D’autre part, des mariages précoces sont fréquents avec des jeunes filles dont l’âge varie entre 13 et 17 ans.
Dans le même ordre d’idées, les populations ont du mal à accéder aux soins de santé primaires et beaucoup ont perdu leurs enfants et membres de leurs familles, à cause de manque d’argent. D’autres cas constatés sur terrain par l’équipe des défenseurs des droits de l’homme de la LICOPADEL, sont ceux des enfants à l’âge de scolarité. Ces derniers se retrouvent dans tous les coins des marchés et avenues, en train de vendre des cacahouètes, les fruits, l’eau en sachet…, le tout, en violation des droits des enfants.
Sur le plan socio-économique, l’équipe des défenseurs des droits de l’homme de la LICOPADEL note une situation catastrophique partout où elle est passée : dans certains coins, l’eau n’est pas régulière dans les robinets.
Elle jaillit rarement et peut couler une à deux fois par semaine, même chose avec l’électricité dont la desserte est accompagnée par des coupures intempestives, suite aux mauvais états des matériaux électriques ; mais curieusement, la facture arrive chaque mois avec un montant très élevé par rapport à la consommation mensuelle.
Dans un autre chapitre, le chômage bat son plein, ce qui rend les jeunes filles vulnérables et les obligent à devenir des filles-mères, pour la simple raison que les jeunes garçons abusent d’eux parce qu’elles dépendent totalement de ces jeunes, surtout que ceux-ci font le transport des taxis-motos.
En effet, les populations de tous coins enquêtés ne vivent que des petits commerces et le transport des taxis-motos, par l’absence d’entreprises. Au plan éducationnel, les jeunes de ces différentes entités dont le le Kwango, le Sud-Ubangi, le Kongo-central, le Kasai-Central et la ville-province de Kinshasa, n’ont pas l’accès à l’éducation suite à la pauvreté, l’insuffisance des infrastructures scolaires publiques et le manque de mobilité pour les personnes vivant avec handicap (PVH).
A Kinshasa comme dans toutes les provinces enquêtées, la justice dépend de la condition sociale des victimes et des présumés auteurs ; c’est-à-dire que celui qui a de l’argent ou qui a des relations avec les autorités politico-judiciaires l’emporte. Par ailleurs, les policiers et OPJ (Officier de police judiciaire) de ces coins, créent des infractions qui n’existent pas, au motif de rançonner les paisibles citoyens (cas des dettes, affaires civiles…).
L’espoir s’éloigne de la population
Sur le plan socio-économique, les populations de ces coins regrettent le fait que les promesses du gouvernement sur le plan social, n’ont pas été tenu et que l’insécurité bat son plein.
En ce qui concerne la tenue des élections dans le délai, sur 10 personnes interrogées, 8 personnes (soit 80%) souhaitent des scrutins dans le délai constitutionnel ; tandis que 20% refuse des élections à cause de manque de transparence et autres irrégularités vécues par le passé.
Au finish, la LICOPADEL dénonce le non-respect des droits de l’homme à travers la violation par la RDC, des instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux liés au respect des droits humains. D’où quelques recommandations faites notamment au gouvernement, de respecter les engagements et les obligations nationaux, régionaux et internationaux sur la promotion et la protection des droits de l’homme ; mettre des mécanismes de suivi dans le traitement des dossiers ; construire des prisons et des cellules pour les enfants en conflit avec la loi ; doter les commissariats et sous-commissariats de la police nationale congolaise, des moyens de déplacement et construire des établissements de garde ; organiser des formations pour les OPJ et les assistants sociaux sur les matières de la loi portant protection de l’enfant.
Les partenaires techniques et financiers sont invités à soutenir financièrement et techniquement la LICOPADEL, afin d’élargir son enquête dans d’autres coins du pays ; aider le gouvernement à construire des nouvelles prisons qui répondent aux normes pénitentiaires…
Quant à la société civile, elle doit vulgariser les lois sur les droits des détenus et Loi portant protection de l’enfant ; organiser les campagnes de sensibilisation pour information de la population sur les droits de l’homme et les libertés publiques ; vulgariser les lois sur les droits civils et politiques (Convention relative aux droits de l’enfant) ; sensibiliser les OPJ, les responsables des juridictions judiciaires, de la police sur les droits de l’homme.
A noter que ce rapport a été rendu public par M. Philippe Mangala, Secrétaire exécutif national de la LICOPADEL qui a été complété par M. Justin Anakeka, Secrétaire administratif de la même structure, en présence de leur Directeur exécutif, Me Patrick Pindu-di-Lusanga et de plusieurs autres membres.
José Wakadila