La Fédération nationale des associations des personnes vivant avec handicap du Congo (FENAPHACO-HANDICAP/Congo) a organisé mardi 11 juillet 2023 avec l’appui de IRI (Institut républicain international) et de l’USAID (Agence des Nations Unies pour le Développement International), un débat public qui a regroupé les responsables de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) et les partis politiques, pour une meilleure prise en compte de la participation citoyenne des PVH au processus électoral en RDC.
Cette activité organisée en faveur des sourds-muets et les aveugles du district de la Funa en rapport avec le projet d’appui et de renforcement citoyenne des PVH au processus électoral en RDC, s’est déroulée dans la salle des conférences de l’Institut des sourds-muets de Kinshasa situé au quartier Kimbangu dans la commune de Kalamu sous le thème : « Egalité d’accès : Comment faire participer les personnes vivant avec handicap et les personnes atteintes d’albinisme au processus électoral inclusif… ».
Après le mot de bienvenu du Coordonnateur provincial de la FENAPHACO/Kinshasa, M. Mayele Maku Jean, le Coordonnateur national de la même structure, Me Patrick Pindu-di-Lusanga, a indiqué que l’objectif est de rappeler à l’intention des responsables des partis et regroupements politiques, que c’est le moment de dépôt des candidatures pour les élections prévues le 20 décembre 2023 et qu’il était temps qu’à leur niveau, de prendre en compte les PVH sur les listes des candidats qui doivent être déposer.
C’est aussi l’occasion à travers la CENI, de donner des éclaircissements aux PVH candidats, en particulier les aveugles et les personnes sourdes et malentendantes, sur les conditions à remplir pour déposer leurs différentes candidatures à tous les niveaux et leur expliquer les conditions pour obtenir une nouvelle carte d’électeur comme Duplicata, par rapport à la mauvaise qualité de la première carte. A ce sujet, les PVH doivent se rendre à la police afin d’obtenir un P.V qui sera présenté à l’antenne de la CENI.
A une question sur les contraintes que rencontrent les PVH, Me Pindu affirme qu’elles n’ont pas encore été levées. Il cite à titre exemplatif, le fait que la plupart des bureaux de vote et autres sites de réception des candidatures, restent toujours inaccessibles aux PVH ainsi que l’absence des interprètes des langues des signes au sein des bureaux de réception des candidatures. Cela dit-il, occasionne certaines difficultés aux personnes sourdes et malentendantes, de pouvoir communiquer avec les agents de la CENI non seulement pour le dépôt de leurs candidatures, mais aussi pour récolter des explications claires.
Me Pindu déplore également le fait que, la plupart des documents mis à la disposition des candidats, ne sont pas imprimés en écriture braille. Ce qui crée des difficultés pour les personnes aveugles. « Nous continuons à faire un plaidoyer au niveau de la CENI, afin qu’elle puisse placer les interprètes des langues dans tous les bureaux de traitement des candidatures et imprimer les documents en écriture braille pour permettre aux aveugles d’avoir accès à l’information », a-t-il insisté.
Alignée parmi les intervenantes, Mme Rachel Mbuyi Kabongo, première vice-présidente du réseau national des associations des femmes vivant avec handicap du Congo au sein de la FENAPHACO qui est intervenue sur le « Leadership et participation des femmes et des jeunes vivant avec handicap à la vie politique ». Elle dit avoir fait un constat : « Depuis que nous avons commencé à sensibiliser et à conscientiser les PVH, elles ont toujours des difficultés de participer dans la vie politique et aux élections. C’est le cas notamment des sourds et des aveugles. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes décidés de ne pas s’arrêter à mi-chemin, en les encourageants davantage, afin qu’ils participent pleinement aux élections que nous voulons tous inclusives ».
Pour sa part, Madame Hortense Mirimo, chargée de la sensibilisation à la CENI, a planché sur « L’évolution du processus électoral, les conditions pour l’obtention du Duplicata de la carte d’électeur et les conditions à remplir pour être candidat aux élections prévues le 20 décembre 2023 ». Selon elle, les PVH doivent savoir que le train de la CENI est déjà en marche, et que tout le monde sans exclusion, doit y prendre part.
Pour cela, la CENI est en train de recevoir les candidatures dans les bureaux de réception et traitement des candidatures (BRTC), particulièrement dans la maison communale de Kalamu pour le district de la Funa.
Quid des contraintes liées à la participation des PVH ?
A une question sur les difficultés que rencontrent les PVH à tous les niveaux, Mme Mirimo affirme que le président de la centrale électorale, Denis Kadima ne cesse de faire sien cet aspect de chose, lié notamment à l’inclusion. « Tout le monde est appelé à prendre part dans le train, car la CENI n’exclut personne, en l’occurrence les PVH, lesquelles sont des personnes à part entière. C’est ainsi que la CENI attend aussi leurs candidatures comme toutes les autres personnes. Elles doivent donc s’impliquer dans le processus, afin de permettre à notre pays de se développer comme partout ailleurs », a-t-elle conclu.
De son côté, M. Chanchan Mutupa Mwila en charge de la communication au sein de la FENAPHACO, a exposé sur « Le profil idéal d’un candidat pour les élections législatives nationales, provinciales et présidentielles ». Il a énuméré quelques critères pour un bon candidat, à savoir le patriotisme, la compétence, la responsabilité, avoir un projet de société et un programme d’actions prenant en compte les préoccupations des PVH, avoir la nationalité congolaise, disposer d’un leadership…
Pour leur part, Madame Bazabidila Pitchouna a planché sur « l’importance du vote pour les femmes et les jeunes vivant avec handicap ». Elle a été complétée par Madame Hortense Ikobonga, présidente des femmes vivant avec handicap de la FENAPHACO/Kinshasa, qui a mis un accent sur le vote des femmes, lesquelles selon elle, ne s’intéressent pas du tout au processus électoral.
Il sied de souligner qu’au cours de la même occasion, plusieurs PVH se sont manifestées en tant que candidats des différents partis politiques. La FENAPHACO les a identifiées et a promis d’organiser des formations sur les techniques d’animation des campagnes électorales, le mode de scrutin et le seuil électoral à leur intention, avec l’appui de ses partenaires, afin de leur permettre d’être outillées par rapport au processus électoral.
Ces débats vont se poursuivre dans plusieurs autres coins de la capitale, notamment à Kimbanseke, Mont-Ngafula ainsi que dans certains coins du pays (Kisantu, Madimba et Mbanza-Ngungu au Kongo central).
José Wakadila