Aucune présence d’animaux domestiques, même pas des cris d’oiseaux ; tandis que les hommes se faisaient de plus en plus rares dans les rues du village Yumbi dans la province de Mai-Ndombe, décimé par les affrontements sanglants de deux ethnies qui sont les Batende et les Banunu. Ces affrontements avaient causé la mort de près de 890 morts au mois décembre 2018 selon des ONG internationales, mais l’Administrateur du territoire de Yumbi avait avancé le nombre de 500 morts.
Au niveau des Nations Unies, on avait également dénombré 465 écoles et maisons détruites, ce qui avait obligé la CENI (Commission électorale Nationale Indépendante), de décider le report des scrutins dans cette partie du pays.
Aujourd’hui à la veille des élections générales de décembre 2023, le risque d’affrontements entre les mêmes ethnies (NDLR : Batende et Banunu) semble encore se dessiner et ce, après le phénomène Mobondo dans le territoire de Kwamouth, lequel n’a pas encore fini de causer des morts.
Et pour cause ?
Selon des informations parvenues à la rédaction de notre journal, M. Nkama Bakana Pablo, du village Molende, secteur de Mongama, territoire de Yumbi, et qui appartient à la tribu Batende, a été retrouvé mort dernièrement, criblé des blessures partout sur le dos et le cou coupé y compris la gorge. Selon nos sources, le drame s’est produit dans l’îlot appelé Libabanga, situé non loin du village Nkolo, où résident les deux ethnies, les Batende et les Banunu, dans le territoire de Yumbi.
Informées de cet assassinat ignoble, les autorités militaires, policières ainsi que celles de l’auditorat militaire, sont descendues sur place pour constater les faits. Sur place, elles ont trouvé le corps de M. Nkama gisant au sol et sur le point d’être décomposé.
D’où la décision de le ramener au village Molende auprès des siens. A ce jour, la situation reste tendue dans cette localité, créant ainsi un climat de menace et d’affrontements entre les deux communautés Batende et Banunu.
En vue de prendre le taureau par les cornes et éviter un nouveau drame comme celui de 2018, l’honorable Mbanga Sébastien Randolphe, élu de Yumbi, vient d’adresser une motion d’information au Bureau de l’Assemblée nationale, en vue d’alerter non seulement le gouvernement à travers les élus du peuple, mais aussi et surtout l’opinion tant nationale qu’internationale.
Leçon d’histoire
L’honorable Mbanga Sébastien Randolphe rappelle a rappelé par ailleurs que les Batende et les Banunu forment les deux principales communautés qui composent le territoire de Yumbi, une entité qui porte encore les stigmates des affrontements de décembre 2018.
Il s’inscrit en faux contre ceux qui soutiennent que les conflits qui se produisent à Yumbi à la veille des élections, le sont pour réduire l’électorat de l’adversaire.
Pour lui, c’est un argument qui ne pèse pas. « C’est tout de même curieux, parce que ce triste événement survient une fois de plus à la veille des élections générales ».
Pourtant, poursuit le député Mbanga, les Batende et les Banunu sont en pourparlers de réconciliation sous la médiation d’une ONG dénommée « INTEPEACE », depuis les tristes événements des 16 et 17 décembre 2018, et que le processus est non seulement suffisamment avancé, mais a de fortes chances d’aboutir.
C’est plutôt l’assassinat de M. Nkama Bankana, tué non loin du village Nkolo, où vivent majoritairement les Banunu, qui risque de compromettre ce processus de réconciliation entre les deux communautés.
Car pour l’honorable Mbanga, le danger d’affrontements reste réel. D’où le cri de cœur qu’il lance à l’Exécutif tant national, provincial et territorial, afin que des mesures sécuritaires idoines soient envisagées dans un délai raisonnable, afin d’éviter la vengeance de la tribu qui se sent humiliée.
« À la veille des scrutins du 20 décembre 2023, il faut absolument empêcher des discours électriques des campagnes électorales dans la circonscription de Yumbi », estime encore cet élu de Yumbi, qui recommande aux autorités compétentes, de veiller au grain à la situation sécuritaire dans cette partie du pays déjà meurtris par des conflits intercommunautaires sanglants.
José Wakadila