La RDC abrite depuis mardi 17 octobre 2023 au Kempiski Fleuve Congo hôtel, les assises du dialogue de haut niveau sur l’affectation des espaces, les droits, le climat et la conservation de la biodiversité en RDC et dans le Bassin du Congo, organisé par L’Initiative des droits et ressources (RRI) en collaboration avec les ministères de l’Environnement et du Développement durable ; des Affaires foncières ; de l’Aménagement du territoire et du Développement rural de la RDC, sous le thème : « Droits, climat et conservation de la biodiversité en RDC/Bassin du Congo »
Ce dialogue a pour objectif, de mettre en lumière le rôle du gouvernement dans la réalisation des objectifs mondiaux en matière de climat et de biodiversité, et devait explorer de nouvelles possibilités de coordination entre le gouvernement, la société civile, les donateurs et les organisations de développement, afin de promouvoir les droits des communautés de la RDC à protéger leurs ressources naturelles.
Peu avant de lancer les travaux, le ministre d’Etat, ministre de l’Aménagement du Territoire, Guy Loando Mboyo a indiqué que le lancement des travaux pour cette grande activité, constitue une preuve supplémentaire de l’attention particulière du président Félix Tshisekedi, au secteur de l’aménagement du territoire, vecteur du développement socio-économique de la RDC, et pilier de la Stratégie-cadre nationale de REDD+ (Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation forestière).
C’est la raison pour laquelle, a-t-il rendu un vibrant hommage au Chef de l’Etat, avant d’exprimer sa gratitude au Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde qui matérialise au quotidien la vision du président de la république. Il a saisi l’occasion pour remercier l’Initiative RRI pour son appui aux organisations de la société civile impliquée depuis près de 5 ans dans le processus de la réforme de l’aménagement du territoire.
« Cette collaboration a été d’un précieux apport pour l’élaboration de la politique nationale de l’aménagement du territoire et pour l’accomplissement du processus lié à l’adoption de Loi relative à l’aménagement du territoire au niveau de la chambre basse du Parlement de la RDC ».
Saluant la présence de tous les participants ainsi que des partenaires techniques et financiers dans ses assises, le ministre d’Etat Guy Loando a indiqué que la réalisation d’un développement durable, d’une croissance inclusive ainsi que l’instauration de la paix dans les pays qui forment le Bassin du Congo, serait compromise sans une planification spatiale cohérente qui prend en compte les aspects liés notamment au climat, à la conservation de la biodiversité ainsi qu’à la protection des droits des communautés locales et des peuples autochtones (Colo et PA).
« En tant qu’outil d’aide à la décision et à la mise en cohérence des politiques publiques de développement, l’Aménagement du territoire fixe les grandes orientations stratégiques de développement, liées à la mise en œuvre des politiques publiques, notamment la répartition harmonieuse des hommes et de leurs activités sur le territoire national ; l’affectation des espaces suivant leurs statistiques en ce qui concerne l’exploitation minière, agricole, industrielle, forestière, zone d’habitat, zone de conservation… », a-t-il expliqué.
A cela s’ajoutent la programmation, la localisation et l’implantation des grandes infrastructures de transports et des voies de communication telles que routes, autoroutes, aéroports, ports, voies ferrées… ; des infrastructures industrielles et énergétiques ; des équipements sociaux collectifs de base et des services publics d’intérêt national indispensables pour le développement socio-économique du pays ainsi que la gestion et l’utilisation durable des espaces des terres, en vue d’assurer un développement harmonieux de l’ensemble du pays et de réduire le déséquilibre entre les provinces et les régions.
Des défis à relever
Cependant poursuit le ministre d’Etat Guy Loando, il existe des défis liés à l’organisation de l’espace national marqué par un déséquilibre externe er intra provincial des ménages sur la biodiversité, un manque de connectivité des réseaux et un déficit d’infrastructures et d’équipements structurels.
« Il y a encore des efforts à fournir pour faire de ce beau et magnifique pays, un espace plus cohérent, plus attractif, plus compétitif économiquement, assurant le bien-être de sa population dans un environnement intégré et durable, au cœur de l’Afrique et au cœur du monde », a-t-il ajouté, avant de souligner que l’organisation de ces assises constitue une opportunité de réflexion, de dialogue et de mobilisation de tous les partenaires à la réalisation de la vision susmentionnée, dans l’intérêt non seulement de la RDC et de tous les pays frères du bassin du Congo, mais aussi du monde entier.
Auparavant, son homologue ministre d’Etat, ministre du Développement Rural, François Rubota, a promis l’engagement des ministères sectoriels concernés, de s’appesantir avec brio, sur tous les aspects juridiques et techniques relatifs à la reconnaissance des droits fonciers.
La présidente et coordinatrice de l’Initiative RRI, Dr Solange Bandiaky-Badji s’est félicitée de la transformation significative et positive qui s’opère dans le secteur du foncier et de l’aménagement du territoire en Afrique, à travers la reconnaissance par les gouvernements africains et les institutions regionales, du role majeur que jouent les PA et Colo d’Afrique, pour la conservation et le développement durable.
Pour sa part, la presidente du Conseil d’administration de l’Initiative RRI, a encouragé et félicitée les autorités de la RDC pour le travail abattu jusqu’à ce jour, lesquels vont jeter les bases pour d’autres pays.
Dans le meme ordre d’idées, l’Ambassadeur de Suède en RDC, Henric Rasbrant, a indiqué que les questions foncières ne sont pas seulement des questions de dignité, mais aussi de survie et de resilience face aux changements climatiques. Aussi a-t-il également félicité le gouvernement de la RDC pour toutes les mesures entreprises ainsi que les efforts fournis, afin de faire avancer toutes les questions liées au foncier.
Il a cité à titre exemplatif, la Loi sur l’Aménagement du Territoire, la Stratégie REDD+, le Décret sur la foresterie communautaire, le processus de réforme foncière ainsi que la Loi sur la promotion et la protection des droits des peuples autochtones, qui font partie des mesures importantes. “La Suède est très encouragée par l’engagement de la RDC à travers son gouvernement ainsi que l’engagement de tous les partenaires, par l’organisation de cet vénement exceptionnel”, a-t-il dit, tout en remerciant particulièrement l’Initiative RRI.
Succédant au diplomate suédois, le Directeur général des forêts et représentant du Secrétaire général à l’Environnement, a reconnu que les Pa et Colo, sont des alliés clés dans la lute pour protéger la biodiversité. “En RDC, le lien intresèque qu’entretien les peuples autochtones pygmées avec l’environnement et les ressources naturelles, joue un rôle indiscutable dans la lutte contre le changement climatique et la préservation des écosystèmes en général et de la biodiversité en particulier”, a-t-il soutenu.
A son tour, le Secrétaire général aux Affaires foncières qui intervenait au nom de son ministre empêché, a promis de pérenniser les acquis de cette conference. Car pour lui, les questions liées à la terre sont très importante. “La terre doit nous unir, mais ne doit pas nous diviser ; elle doit nous enrichir et non nous appauvrir”, a-t-il dit.
A savoir
Les forêts de la RDC représentent près de la moitié des forêts tropicales d’Afrique. Des millions de personnes appartenant à des communautés autochtones et locales dépendent de ces forêts pour leurs moyens de subsistance. La recherche prouve que la reconnaissance de leurs droits collectifs sur les terres et les forêts, est une stratégie puissante pour faire face aux crises du climat et de la biodiversité.
C’est ainsi que le gouvernement de la RDC s’est engagé à encourager des réformes progressives des droits fonciers pour ses communautés, y compris une nouvelle politique qui demande la mise en place d’un système d’information foncière décentralisé et de registres de tenure au niveau communautaire ; une réforme de la planification de l’utilisation des terres ; la mise en œuvre de la foresterie communautaire ; et une loi historique reconnaissant les peuples autochtones pygmées. C’est ainsi que depuis 2018, le gouvernement a placé plus de 3 millions d’hectares de forêts sous gestion communautaire.
Les recherches montrent que ces réformes pourraient potentiellement apporter une reconnaissance juridique à 200 millions d’hectares supplémentaires de terres communautaires en RDC. L’alignement entre le gouvernement et la communauté internationale favorise de nouvelles opportunités pour faire avancer cet objectif.
Quid de RRI ?
L’Initiative RRI est une coalition mondiale de plus de 150 organisations qui se consacrent à la promotion des droits des PA et Colo en matière de terres et de ressources.
Elle s’est forgé une solide réputation en RDC depuis 2010, en tant que rassembleur stratégique des ministères et de la société civile, pour faire avancer les droits fonciers des communautés, en soutenant toutes ses réformes foncières clés. RRI fournit également une subvention du Bezos Earth Fund pour sécuriser les droits fonciers des communautés et renforcer la conservation communautaire dans le bassin du Congo.
José Wakadila