Les candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre suscitent un engouement malgré les conflits armés et les craintes de violences qui règnent dans l’Est de la République démocratique du Congo. Au cours de la deuxième semaine de campagne, des foules se rassemblent dans les grandes villes de Bunia, Bukavu, Butembo, Beni, Oicha et Goma, où les candidats tiennent des meetings populaires dans une atmosphère festive.
Le 20 décembre, près de 44 millions d’électeurs sont appelés à élire leur président ainsi que les députés nationaux et provinciaux, ainsi que les conseillers municipaux. Les candidats rivalisent pour attirer les électeurs de l’Est du pays, une région en proie à des violences depuis près de 30 ans.
Moïse Katumbi, un riche homme d’affaires et opposant politique, est le premier candidat à se rendre à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, qui est le foyer de nombreux conflits armés et crises humanitaires. Les habitants attendent des candidats qu’ils restaurent la sécurité dans la région.
La question de la sécurité est un thème majeur de la campagne, mais l’absence de programmes de gouvernance clairement établis limite l’enthousiasme des électeurs, selon Valery Madianga, du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL).
Moïse Katumbi critique le bilan sécuritaire du président sortant, Félix Tshisekedi, face à la rébellion du M23. Selon les experts de l’ONU, le M23, soutenu par l’armée rwandaise, a repris les armes et conquis une grande partie du territoire du Nord-Kivu, y compris Goma.
Félix Tshisekedi, le président sortant, cherche un nouveau mandat de cinq ans et a lancé sa campagne à Bunia, dans la province voisine de l’Ituri. Cette région a été le théâtre de violences et de massacres perpétrés par des groupes armés, entraînant le déplacement de 1,7 million d’habitants.
Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018 et candidat à la présidentielle, a débuté sa campagne dans sa ville natale de Bukavu, dans le Sud-Kivu. Il s’est ensuite rendu à Butembo et Beni, où il a été accueilli par ses partisans, notamment des femmes portant des tee-shirts avec le numéro 15, attribué par la commission électorale.
La campagne se déroule dans un contexte politique et sécuritaire tendu. Un membre du parti de Moïse Katumbi a été tué lors d’affrontements avec les partisans du parti de Tshisekedi. Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, continue également de revendiquer la victoire et parcourt la région. Il a appelé les habitants de Beni à rejeter Tshisekedi, l’accusant de jouer le jeu des agresseurs.
Malheureusement, les discours des candidats ne semblent pas réellement s’engager à mettre fin à la violence, et les projets de société ne sont pas suffisamment débattus, déplore Oswald Rubasha, expert électoral et coordonnateur de l’ONG Clinique électorale congolaise, basée à Bukavu.
(Avec AFP)