Dans son rapport sur la mission d’observation électorale des opérations de vote du 20 décembre 2023 rendu public ce vendredi 12 janvier 2024 à son siège de Lemba/Salongo, la LICOPADEL (Ligue congolaise pour la paix, les droits de l’homme et les élections), a demandé à la Cour Constitutionnelle, l’annulation des scrutins du 20 décembre 2023, en vue de préserver l’unité nationale, la paix la cohésion nationale et les acquis de l’alternance.
Dans ce rapport lu par le Secrétaire Exécutif national, M. Mangala Songa Philippe, la LICOPADEL dit avoir déployé 100 observateurs nationaux, qui ont observé les procédures, le jour du scrutin dans 9 provinces (Kinshasa, Kongo-central, Kwilu, Mai-Ndombe, Kwango, Kasaï, Kasai-central, Équateur et Sud-Kivu).
Selon la LICOPADEL, ces observateurs ont constaté plusieurs cas d’irrégularités et fraudes électorales dans 100 bureaux de vote visités ; tandis que les opérations de vote se sont déroulées relativement bien dans 30 bureaux de vote.
Parmi ces irrégularités, les observateurs de la LICOPADEL ont constaté que beaucoup des candidats ont utilisé les biens publics pour leurs campagnes électorales, notamment l’affichage des photos au stade des martyrs de la Pentecôte, les bus de la société Transco, les véhicules du ministère de l’EPST (Enseignement primaire, secondaire et technique)… ; l’affichage tardif des listes électorales, contrairement à l’article 8 de la Loi électorale ; plusieurs électeurs ont découvert leurs noms en plein vote ; le non affichage des listes des électeurs dans certains centres et bureaux de vote ; le début tardif des opérations de vote, lequel a découragé beaucoup d’électeurs ; beaucoup des témoins ont été chassé des bureaux de vote ; l’omission de certains électeurs sur les listes électorales.
Parmi d’autres irrégularités, la MOE de la LICOPADEL ont constaté que certains candidats de la majorité au pouvoir, circulaient et battaient campagne avec leurs photos et numéros de vote dans les centres de vote ; plusieurs DEV se sont arrêtées en cours en cours de vote à cause des batteries dépolarisées ; l’ingérence de certains candidats de la majorité au pouvoir dans les attributions des agents de la CENI ; l’utilisation des DEV dans les domiciles de plusieurs candidats du pouvoir en place ; le silence total des autorités de la CENI face à ses irrégularités pendant le vote ; l’absence totale des témoins et observateurs dans plusieurs bureaux de vote et dépouillement, surtout dans la province de la Mongala.
A ces irrégularités s’ajoutent le manque de professionnalisme de certains policiers affectés dans les centres de vote ; la non-accréditation des témoins et observateurs par la CENI, suite à l’insuffisance des cartes d’accréditation ; le désintéressement de de certains partis politiques d’aligner leurs partisans comme témoins et la société civile comme observateur ; l’achat de conscience des membres des bureaux de vote de plusieurs circonscriptions électorales en complicité avec les chefs d’antenne et des agents commis au repérage des bureaux de vote…
Une occasion ratée
Pour la MOE de la LICOPADEL, l’idéal aurait été que les scrutins du 20 décembre 2023 entre dans l’histoire comme le meilleur, si le président de la CENI avait sollicité avec les parties prenantes, un report d’une semaine ou plus, afin de permettre l’installation des DEV dans tous les bureaux de vote et distribuer les cartes des témoins et observateurs en temps réel. << Malheureusement, cela n’était pas fait. Aujourd’hui, le peuple congolais a vécu les élections désorganisées ; donc il est plus caothique de tous les cycles organisés jusque-là >>, peut-on lire dans le rapport de la MOE de la LICOPADEL.
En rapport avec la préservation d’un climat de paix, la MOE de la LICOPADEL demande aux partis politiques, d’éviter les déclarations qui pourraient contribuer à l’incitation à la haine ; tandis que les regroupements des partis politiques et les candidats, devront utiliser les moyens légaux en cas de contestation des résultats.
José Wakadila