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Présidentielle aux Comores: heurts dans la capitale, l’opposition réclame l’annulation du vote

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Des heurts entre protestataires et forces de l’ordre se sont multipliés mercredi dans la capitale comorienne, au lendemain de l’annonce de la victoire au premier tour du sortant Azali Assoumani à la présidentielle, émaillée de « fraudes » selon l’opposition, qui réclame l’annulation du scrutin.

Dans les rues de Moroni, des barrages de fortune faits de bouts de bitume, de pierres et d’appareils électroménagers ont été dressés sur la chaussée. De nombreux commerces ont fermé.

Plusieurs carcasses de voitures calcinées sur les bas-côtés et des restes de pneus brûlés donnaient à la capitale des allures de ville en proie à une guérilla urbaine.

Plusieurs bâtiments ont été incendiés, dont la maison du ministre des Transports Bianrifi Tarmidhi, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le centre de la capitale, qui compte quelque 100.000 habitants, a été bouclé par les forces de l’ordre. Police, gendarmerie et armée sont déployés en nombre depuis le début de la matinée.

La route menant au principal aéroport de l’archipel de l’océan Indien, composé des îles Grande-Comore, Anjouan et Mohéli, est bloquée. Les vols intérieurs sont suspendus « pour mauvais temps », selon Air Comores.

Dans les ruelles du quartier populaire de la Coulée (nord), des groupes de jeunes ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre, qui ont répliqué systématiquement par des jets de gaz lacrymogène.

Dans l’après-midi, des détonations de tirs de gaz ont continué à retentir régulièrement dans plusieurs quartiers.

« Tout le monde est parti. Je pars aussi, j’ai été aspergée de gaz », dit à l’AFP Amina, vendeuse du grand marché de Volo-Volo. L’endroit – habituellement animé – est désert, les étals vides.

Dans certaines écoles, élèves et personnels sont restés cloîtrés. Selon un témoin, un dépôt de riz, aliment de base dans l’archipel, a été vandalisé et pillé.

Le porte-parole du gouvernement a dénoncé auprès de l’AFP des « troubles publics ». La contestation est souvent rapidement étouffée dans ce pays tenu d’une main de fer.

« C’est organisé par ceux qui n’avalent pas la défaite », a affirmé Houmed Msaidie, évoquant des arrestations sans donner de chiffre.

La veille, il avait mis en garde: « Ils ont été vaincus (…) Qu’ils ne tentent pas d’être en colère, nous ne laisserons pas faire ».

« Grossière fraude »

L’opposition, qui avait appelé « le peuple comorien » à « faire respecter la volonté et le choix électoral du peuple », a réclamé mercredi l' »annulation » des élections de dimanche.

Quelque 340.000 électeurs étaient appelés à se rendre aux urnes pour élire leur président et les gouverneurs des trois îles du pays.

Le scrutin présidentiel a enregistré une participation exceptionnellement faible de 16,30%, selon la commission électorale (Ceni), contrastant avec une première estimation publiée dimanche soir à plus de 60%.

« Incontestablement, ces scrutins (…) ne sont pas valides. Nous les dénonçons et demandons leur annulation pure et simple », ont déclaré dans un communiqué commun les cinq candidats rivaux d’Azali.

Selon eux, les chiffres officiels de participation montrent qu’environ 2/3 des votants se sont prononcés pour élire leurs gouverneurs mais pas pour choisir leur président, ce qui « porte un sérieux coup à la véracité des différentes proclamations de résultats ».

Quelque 189.497 votants ont voté pour leurs gouverneurs, mais seulement 55.258 au scrutin présidentiel, selon les chiffres officiels: un tel écart de participation est « impossible », estime l’opposition, et « une grossière fraude est ainsi établie ».

L’opposition avait par ailleurs affirmé, dès dimanche, avoir constaté de nombreuses irrégularités pendant le vote et notamment des « bourrages d’urnes ».

Selon plusieurs opposants candidats, « des militaires ont interrompu le vote » en s’emparant des urnes dans plusieurs localités favorables aux adversaires du président sortant.

Azali Assoumani, ancien militaire putschiste de 65 ans, a remporté 62,97% des voix, selon les résultats provisoires. Il doit ainsi rempiler pour un troisième mandat consécutif qui devrait le maintenir au pouvoir jusqu’en 2029.

Les résultats du scrutin doivent encore être validés par la Cour suprême, plus haute juridiction du pays de 870.000 habitants, dont 45% vivent sous le seuil de pauvreté.

AFP

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