Les personnes vivant avec handicap (PVH) réunies au sein de la Fédération nationale des associations des personnes handicapées (FENAPHACO/ HANDICAP-CONGO), ont tenu leur deuxième conclave politique vendredi janvier 2024 au siège de Caritas à Kinshasa/Limete.
Organisée avec l’appui financier de NED (National Endorment for Democracy), l’objectif de cette activité, consiste à faire respecter par les gouvernants, les partis politiques et les regroupements politiques, les dispositions de la Loi organique portant promotion et protection des personnes vivant avec handicap en RDC, le protocole à la Charte Africaine des Droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des Personnes vivant avec Handicap en Afrique et la Convention relative aux droits des Personnes Handicapées, garantissant la participation des PVH à la vie publique et politique.
Ce conclave a réuni en majorité des femmes, jeunes filles et jeunes garçons vivant avec handicap.
Parmi les recommandations phares de ces assises, les PVH proposent que le ministère en charge des PVH soit rattaché auprès du président de la république, Chef de l’État dans le prochain gouvernement ainsi que la nomination d’un conseiller spécial au cabinet du Chef de l’État, chargé de l’inclusion et le handicap.
En effet, après une observation minutieuse de la gouvernance du pays sur le handicap, les PVH se sont rendues compte qu’en dépit de la création d’un ministère délégué des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables, le gouvernement congolais ne démontre pas une volonté avérée de résoudre leurs problèmes et d’améliorer leurs conditions de vie, à travers notamment de l’absence d’une politique nationale, d’une stratégie nationale et d’un plan d’action national du gouvernement sur la question du handicap.
Les PVH ont également constaté l’absence de la prise en compte des PVH dans les politiques publiques de santé publique et qu’aucun fonds de promotion des initiatives et activités des PVH n’a été mise en place par le gouvernement de la république pour financer les activités des PVH pour leur prise en charge.
Malgré la volonté manifeste du chef de l’État, les PVH ne sont pas représentées dans les organes de prise de décision, allusion faite aux dernières nominations des diplomates et autres administrateurs des entreprises du portefeuille de l’État.
En outre, le gouvernement de la république n’a pris aucune initiative pour présenter des grands projets au profit des PVH, auprès des bailleurs internationaux (Banque mondiale, BAD) et les services de coopération internationale (Corée du Sud, Japon, Belgique, USA, Canada, France, Grande Bretagne, Chine, Allemagne…) en vue de favoriser l’amélioration des conditions de vie des PVH.
Recommandations
En vue d’arriver à la participation politique et à une amélioration de leurs conditions de vie, les PVH réunies au sein de la FENAPHACO, demande au président de la république, d’instruire le gouvernement et le Premier ministre, d’amorcer des projets à court, moyen et long terme, pour l’auto-prise en charge des PVH, notamment la réhabilitation et la construction des nouveaux centres des formations et les centres d’hébergement de ces dernières ; d’instruire au futur nouveau Premier ministre qui sera issue de la majorité, de réserver un quota de 5% aux PVH au sein des institutions publiques ; d’instruire aux 26 gouverneurs de province, de réserver un quota de 3% en faveur des PVH au sein des gouvernements provinciaux et des cabinets politiques ; d’instruire au futur Premier ministre et à son gouvernement, de mettre en place dans un bref délai, un Programme national d’urgence accéléré pour l’intégration, la prise en charge, la protection et la promotion des droits des PVH ; que le ministère en charge des PVH soit rattaché auprès du président de la république, Chef de l’État dans le prochain gouvernement ainsi que la nomination d’un conseiller spécial au cabinet du Chef de l’État, chargé de l’inclusion et le handicap.
Au futur Premier ministre, les PVH lui recommande de réserver un quota de 5% en faveur des PVH au sein du nouveau gouvernement ; d’accorder une subvention mensuelle de l’ordre de 10 millions de FC pour le fonctionnement et la mise en œuvre des activités de la FENAPHACO et les autres organisations nationales représentatives (UNAC, ANASCO, FECOPEHA, RENAFHAC…) ; de parrainer et de simplifier financièrement dans l’organisation de la première Conférence sous-régionale sur l’emploi des PVH en Afrique centrale, prévue à Kinshasa au mois de juin 2024 ; la ratification du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des personnes vivant avec handicap en Afrique ; la signature de la Loi-type africaine sur le handicap.
Aux deux chambres du parlement, les PVH sollicitent la nomination d’un conseiller spécial chargé de l’inclusion et du handicap au cabinet du président de l’Assemblée nationale et du sénat ; rendre le cadre légal organisant le processus électoral favorable aux PVH, à travers un quota de représentativité dès PVH dans toutes les institutions du pays au niveau national, provincial et local, de manière à encourager leur pleine participation à la vie publique et politique (cfr. Art. 28 de la Loi Organique portant promotion et protection des droits des personnes handicapées, Art. 29 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et Art. 21 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des personnes vivant avec handicap en Afrique ; de créer des sièges spéciaux à compatir pour les PVH lors des élections législatives nationales, provinciales, municipales, urbaines et locales ; de réviser les lois de la république en intégrant l’aspect handicap, pour les rendre conformes à la Convention des Nations-Unies relative aux droits des personnes handicapées et au Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique.
Aux gouvernements provinciaux, les PVH recommandent la nomination d’un ministre provincial ou d’un Commissaire du gouvernement provincial chargé de la question du handicap dans chaque province de la RDC ; de voter un édit ou une loi provinciale portant promotion et protection des droits des PVH dans chaque province, en tenant compte des réalités ; de mettre en place dans chaque province, un plan d’action provincial et une stratégie provinciale sur la question de l’handicap ; de mettre en place dans chaque province, un fonds provincial pour le soutien aux initiatives, à l’éducation et à la santé des PVH ; d’accorder une subvention mensuelle de l’ordre de deux millions cinq cents mille FC (2.500.000 FC) pour le fonctionnement et la mise en œuvre des activités de la FENAPHACO et des autres organisations nationales représentatives…
Les partis politiques sont tenus de présenter les PVH dans les postes de nomination dans le quota qui leur sont réservés au niveau national, provincial et local ; de nommer les PVH dans les postes des décisions de leurs partis et regroupements politiques au niveau national, provincial et local ; de présenter les PVH sur les listes des candidats à tous les niveaux des élections.
De leur côté, les PVH sont invitées à l’engagement politique en plus de s’intégrer et de s’intéresser aux activités des partis et regroupements politiques ; de ne pas se sous-estimer et de s’activer dans les plaidoyers pour les réformes électorales et politiques inclusives.
Les participants ont enfin convenu d’organiser le 3eme conclave politique des PVH au mois d’avril 2024 dans la ville de Boma, province du Kongo-central.
José Wakadila