C’est en défenseur des « Rwandophones, Tutsi congolais » que le président rwandais, Paul Kagame, s’est présenté vendredi au mini-sommet d’Addis-Abeba sur la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Favorable à un dialogue avec Kinshasa qui l’accuse de soutenir militairement les terroristes du M23, mouvement majoritairement Tusti, l’homme fort de Kigali a appelé son homologue congolais Félix Tshisekedi à répondre aux doléances de cette communauté pour instaurer une paix durable.
Le mini-sommet d’Addis-Abeba a réuni quatre chefs d’Etat; Félix Tshisekedi de la RDC, Paul Kagame du Rwanda, Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud, João Lourenço de l’Angola, et le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki.
Cette réunion a été dirigée par l’Angolais Lourenço en sa qualité de champion pour la paix et la réconciliation en Afrique. Son objectif était d’établir un nouveau cessez-le-feu dans l’Est de la RDC où l’armée rwandaise et la coalition M23-RDF se livrent à d’intenses combats.
Pour résoudre définitivement cette crise, Paul Kagame a affirmé qu’il faut « s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité persistante dans l’Est de la RDC, notamment la mauvaise gouvernance, la discrimination ethnique (des Tusti) et la violence ».
Cette position de Kagame a été réaffirmée dans la lettre que son gouvernement a transmis au Conseil de sécurité de l’ONU, indiquant que « ces violences sont particulièrement dirigées contre les Tutsi congolais, notamment les Banyamulenge au Sud-Kivu et les Hema en Ituri, sur la base de leur appartenance ethnique et de leur allégeance perçue aux pays voisins ».
Kigali estime que le « seul objectif » de l’armée congolaise est de « déraciner les Tutsi congolais de l’est de la RDC ».
Selon les autorités rwandaises, l’insécurité persiste donc dans l’Est de la RDC à cause du « refus du gouvernement de la RDC de s’attaquer les véritables doléances des Rwandophones congolais, notamment Tutsis, et le refus de rapatrier les centaines de milliers de réfugiés congolais vivant dans la région ».
« Ils ont juré de nettoyer l’Est de la RDC des Tutsis congolais, qu’ils considèrent comme des Rwandais, et ils sont impliqués dans d’horribles scènes de meurtres ethniques qui rappellent les événements qui ont précédé le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda », dénonce l’administration Kagame, rappelant que l’hypermilitarisation de cette partie du territoire congolais avec la présence de forces à motivation ethnique, tant étatiques que non étatiques, constitue une préoccupation majeure pour le Rwanda.
Dans son intervention au mini-sommet d’Addis-Abeba, Félix Tshisekedi a déconstruit « ces mensonges », faisant remarquer à son homologue rwandais qu’il « ne peut pas prétendre devenir protecteur d’une communauté d’un pays voisin ».
La position du président congolais est catégorique : « on ne va jamais négocier avec le M23 » utilisé par le Rwanda « pour piller » les ressources minières de la RDC.
( via mediacongo.net)