La Fédération nationale des associations des personnes handicapées du Congo (FENAPHACO), a organisé le week-end dernier dans la salle du FOPHAC (Forum des organisations des personnes handicapée en Afrique centrale) à Lemba/Salongo à travers sa coordination provinciale de la ville-province de Kinshasa, une tribune d’expression libre avec les organisations des personnes vivant avec handicap (PVH) de la capitale, sur la problématique de la représentativité de ces dernières au sein des institutions nationales, provinciales et locales et ce, en rapport avec les tractations politiques pour la formation du nouveau gouvernement.
Pour Me Patrick Pindu-di-Lusanga, Coordonnateur national de la FENAPHACO, les PVH ont constaté la bonne volonté du chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui ne cesse d’insister dans ses différents discours depuis 2019, sur la représentativité des PVH au sein des institutions du pays. Malheureusement poursuit-il, dans toutes les nominations qui sont faites par le président de la république, les PVH sont toujours exclues, hormis la présence de Mme Irène Esambo, ministre Délégué près des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale chargé des personnes vivants avec handicap et autres personnes vulnérables dans le gouvernement sortant.
En dehors de cela, les PVH ne se retrouvent nulle part ailleurs, même pas dans des cabinets politiques (Présidence, Assemblée nationale, Sénat, ministères, gouvernorats de province …). Pourtant, elles sont pétries des connaissances et des qualités.
Parlant des compétences des PVH, Me Pindu rappelle que Mme Anastasie Mansanga, est professeure ordinaire et recteur de l’UPN, après avoir été pendant longtemps, recteur de l’Université président Kasa-Vubu à Boma ; prof Nzege Aliazambina, fut ministre de l’Enseignement primaire et secondaire pendant plus d’une dizaine d’années ; M. Bakaly Sembe, fut ancien PDG de la SNEL (Société nationale d’électricité) et ancien ministre de l’Energie ; M. Jean-Claude Masangu, fut ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) pendant 16 ans…
Aujourd’hui, à l’aube de la formation du nouveau gouvernement, Me Pindu regrette que même l’informateur n’ait pas encore reçu les organisations des PVH. Ce qui va à l’encontre des engagements internationaux, nationaux et régionaux pris par la RDC par rapport à la question de la promotion et protection des droits des PVH.
« Nous continuons à déplorer cette situation. C’est pourquoi, à travers cette tribune d’expression libre des PVH de la ville-province de Kinshasa, jeunes, femmes et autres catégories du handicap, nous avons dénoncé cette situation », a expliqué Me Pindu, avant de demander au président de la république, de réserver ne fut-ce que 5% de quota aux PVH dans le prochain gouvernement et de garder le ministère des PVH, en le rattachant plutôt auprès du président de la république ou du Premier ministre, chef du gouvernement. Outre ce ministère, les PVH souhaitent également avoir un ministère et un vice-ministère dirigés par elles-mêmes.
Respecter les engagements et les textes
Tout compte fait, les PVH demandent au président de la république, le respect de l’art. 29 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, qui imposent aux Etats l’ayant ratifié, la participation politique des PVH ; l’art. 21 du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique, qui impose à tous les Etats africains, de pouvoir faire participer les PVH à la vie politique et publique ; l’art. 32 de la Loi type africaine sur le handicap, qui demande aux Etats de pouvoir faire participer d’une manière obligatoire en Afrique, les PVH au sein des institutions de prise des décisions au niveau national, provincial et local ; l’art. 49 de la Constitution de la RDC à son alinéa 2, qui stipule : « l’Etat doit promouvoir la présence des PVH au sein des institutions nationales, provinciales et locales » ainsi que l’art. 43 de la Loi Organique portant promotion et protection des droits des PVH en RDC qui stipule : « A compétence égale, la personne vivant handicap, bénéficie de la discrimination positive dans l’administration publique ainsi que dans le secteur privé. La représentativité de la personne vivant avec handicap est obligatoire, notamment au moment de recrutement, avancement en grade, constitution des équipes gouvernementales au niveau national, provincial et local, compétition des missions de service globale ».
Tout en félicitant la Cour constitutionnelle qui n’a pas invalidé la personne vivant handicap comme en 2019, les PVH lancent un appel pressant à l’informateur nommé par le chef de l’Etat pour dénicher la majorité, de pouvoir recevoir leur Coordonnateur national, Me Pindu Patrick en sa qualité de défenseur attitré des droits des PVH en RDC, dans la sous-région de l’Afrique centrale et en Afrique, afin de lui présenter la très bonne vision sur la personne vivant avec handicap, pour qu’il y ait une amélioration sur cette question, afin que les PVH puissent bénéficier de tous avantages et jouir de tous leurs droits humains qui leur sont reconnus.
Notons que cette activité a été co-organisée par le coordonnateur provincial de la FENAPHACO/Kinshasa, M. Mayele Maku Jean, en collaboration avec le Réseau provincial des associations des femmes vivant avec handicap de la ville de Kinshasa pilotée par Mme Hortense Ikobonga ainsi que le Réseau provincial des associations des jeunes vivant avec handicap de la ville de Kinshasa, représentée par sa vice-présidente Mme Myriam Aziza Kayembe avec le concours financier de NED (National Endowment for Democracy).
José Wakadila