Au cours du deuxième conclave politique de la jeunesse vivant avec handicap de la FENAPHACO (Fédération nationale des associations des personnes handicapées du Congo) à Kinshasa organisé vendredi 22 mars 2024 au siège du FOPHAC situé au quartier Salongo dans la commune de Lemba, le Coordonnateur nationale de cette structure, Me Patrick Pindu-di-Lusanga, a félicité le président de la république, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour son engagement dans la question du handicap en RDC.
Cette activité organisée dans le cadre du Projet d’appui et de renforcement de la participation citoyenne des personnes vivant avec handicap au processus électoral en RDC, a permis à cette catégorie des congolais, de faire le « Bilan de la gouvernance nationale sur la question des personnes vivant avec handicap en République démocratique du Congo pour la période de 2019 à 2023 ».
Invité pour la circonstance, Me Patrick Pindu qui a fait un exposé à ce sujet, a commencé par féliciter le président de la république Félix Tshisekedi, pour avoir pris l’initiative de mettre en place un ministère en charge des personnes vivant avec handicap (PVH) et valorisé ces dernières dans tous ses discours, afin qu’elles ne puissent pas être mis de côté dans la gouvernance du pays.
« Pour toutes ces initiatives, nous le félicitons et lui demandons de faire encore plus, en plaçant une personne PVH intègre et rassembleur », a dit Me Pindu, avant de saluer le vote de la Loi Organique portant promotion et protection des personnes vivant avec handicap en RDC ainsi que la mise en place d’un Secrétariat général de l’administration publique en charge des PVH.
Malheureusement a poursuivi Me Pindu, au niveau du gouvernement, il n’y a pas des programmes ou des politiques visant à améliorer les conditions de vie des PVH, moins encore un budget conséquent qui a été voté en leur faveur.
Ce constat explique Me Pindu, a également été visible dans le programme de 100 jours du Chef de l’Etat et dans le programme de développement de 145 territoires (PDL-145T), où les PVH n’avaient pas de place. Même constat dans les différentes nominations opérées par le président de la république, où les PVH sont toujours marginalisées. Elles n’ont pas non plus accès facile aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi, à la formation professionnelle.
Ce malheureux constat a aussi été fait au niveau de toutes les provinces du pays, où les gouverneurs et vice-gouverneurs ainsi que les responsables des assemblées provinciales, n’ont pas inclus les PVH dans la gouvernance de la chose publique. Pour ce dernier cas, il y a eu l’absence totale des édits provinciaux votés en faveur des PVH, ni des politiques des gouvernements provinciaux sur la question du handicap. Au contraire, il y a eu un taux élevé de mendicité chez les PVH ainsi que la pauvreté la plus extrême et la misère de ces dernières au cours de la période allant de 2019 à 2024.
Au regard de tout ce qui précède, Me Pindu reste d’avis que le bilan de la gouvernance nationale et provinciale en faveur des PVH de 2019-2023, est largement négatif, malgré toutes ces bonnes volonté manifesté par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi. C’est pour toutes ces raisons que la FENAPHACO a formulé certaines recommandations, afin que la question du handicap puisse être améliorée.
Parmi ces recommandations, les PVH demandent au Chef de l’Etat, de réserver non seulement 5% du quota de l’ensemble du gouvernement aux PVH, mais de nommer également une autre personne intègre, visionnaire, compétent, rassembleur qui peut incarner un leadership (homme, femme ou jeune) et sortir les PVH de leur misère ; que le ministère en charge des PVH soit également rattaché à la présidence de la république ; la nomination au sein de la présidence de la république, d’un Conseiller spécial chargé de question du handicap et de l’accessibilité (comme c’est le cas du Sénégal et la Côte-d’Ivoire) ; le respect de l’article 49 de la Constitution à son alinéa 2 ainsi que l’article 43 de la Loi Organique portant promotion et promotion des PVH qui parle de la consultation et de la représentativité des PVH dans la proposition et la formation des équipes gouvernementales au niveau national et provincial ; la mise en place d’une politique nationale, un plan d’action national et une stratégie nationale sur la question des PVH ; la prise en compte des PVH dans les prochaines nominations au sein du gouvernement ; la présence des PVH au sein du cabinet du Premier ministre, chef du gouvernement ; la présence d’un Conseiller social chargé des PVH au sein de deux chambres du parlement ; la mise en place par le Premier ministre, d’un programme d’urgence accéléré destiné aux PVH ; la réhabilitation et la construction par le gouvernement, des nouveaux centres de formation et d’hébergement pour les PVH la mise en place des politiques et des programmes provinciaux sur les PVH ; que le Premier ministre puisse recevoir les PVH dans son cabinet, afin d’échanger sur la question du handicap, notamment la FENAPHACO ; la création d’un Conseil multisectoriel sur la question des PVH qui sera rattaché au bureau du Premier ministre avec une large ouverture aux autres services de l’Etat et la société civile ; faire voter un fonds national pour le soutien des initiatives ainsi que l’éducation et la santé des PVH ; la nomination au sein de la primature, d’un Conseiller spécial chargé de question du handicap et de l’accessibilité ; les deux chambres du parlement devront quant à eux, mettre à l’ordre du jour, l’examen et l’adoption de la proposition de loi portant sur la ratification et l’adhésion de la RDC, au Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux personnes handicapées et de créer une commission parlementaire sur la protection des droits des PVH et/ou la commission parlementaire Droits Humains et handicap, pour l’étude de toutes les lois, afin qu’elles soient non seulement inclusives, mais également en conformité avec la Convention des Nations-Unies relative aux droits des personnes handicapées ; de revisiter toutes les lois non inclusives qui ont été votées avant, pour intégrer l’aspect handicap en vue de les rendre conforme à ladite convention…
Tout compte fait, Me Pindu reconnait que beaucoup a été fait, mais des efforts doivent encore être fournis pour améliorer les conditions des PVH, afin de leur permettre de jouir de tous les avantages qui leur sont reconnus par la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées et dans la Loi Organique portant promotion et protection des PVH.
De son côté, Me Glory Mbangu, président du Réseau des jeunes vivant avec handicap de la FENAPHACO, reconnait que les gouvernants ont manifesté une bonne volonté par rapport à la donne handicap, mais l’applicabilité a posé des problèmes. Aussi a-t-il dénoncé ce qu’il qualifie de la « mauvaise foi des animateurs des institutions du pays ». Pourtant souligne-t-il, la Charte africaine de la jeunesse en ses articles 10 et 11, prônent la participation des jeunes dans la vie sociétale. Même chose que la Convention des Nations-Unies relative aux droits des personnes handicapées qui parle à son article 29, de la participation des PVH dans la vie politique et publique.
Forts de ces instruments juridiques, il a demandé au président de la république ainsi qu’à toute son équipe, en particulier au formateur du prochain gouvernement, de prendre en compte la question du handicap, conformément à tous cestextes juridiques en la matière, pour la participation effective des jeunes vivant avec handicap, lesquels sont détenteurs de tous les droits que jouissent les personnes valides.
Pour sa part, M. Anakeka Tonton, secrétaire adjoint du même réseau, a parlé des attentes des PVH, qu’il a regroupé en trois grandes parties dont les politiques d’inclusion ; la participation sociale et la mise en pratique de la Résolution 2475 par la RDC, pour une assistance durable adaptée, inclusive et accessible aux PVH.
L’activité s’est clôturée par le mot de remerciement du Secrétaire général du Réseau des jeunes vivants avec handicap de la FENAPHACO, M. Chance Ntowa.
José Wakadila