Le SG de l’UDPS, Augustin Kabuya Tshilumba, a clairement établi au cours d’une matinée politique ce samedi 30 mars 2024 à Limete un lien entre l’absence de Joseph Kabila sur le territoire national et les défections de cadres du PPRD vers l’AFC-M23 de l’ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante et actuel chef rebelle Corneille Nangaa Yobeluo.
Ce nouveau seigneur de guerre, frère biologique de l’actuel Gouverneur sortant du Haut-Uélé Christophe Baseane Nangaa qui est, comble de l’histoire, candidat à sa propre succession malgré l’incompréhension que suscite la probable collusion entre cette fratrie et la bienveillance coupable de ceux qui crient au loup. Ses propos d’une gravité extrême ont suscité une controverse majeure en RDC.
Cette tentative de culpabiliser Joseph Kabila pour les actions de ses anciens collaborateurs soulève des questions cruciales. Pourquoi pointer du doigt Kabila maintenant, alors que de nombreux proches ont déjà changé d’allégeance en 2019, passant du FCC à l’Union Sacrée pour la Nation sans que personne ne trouve rien à redire à l’époque ? La transhumance est inhérente à la classe politique congolaise.
Cette sortie du SG Kabuya met en lumière les dynamiques complexes de la politique congolaise, révélant les subtilités du pouvoir, des alliances changeantes et des responsabilités politiques en jeu. Dans le monde politique congolais, les promesses non tenues et la mauvaise foi manifeste sont des thèmes récurrents, illustrés de manière frappante par l’histoire de Jean Bakomito Gambu.
Ce fraudeur, invalidé par la Cour Constitutionnelle, se retrouve tout de même retenu par le Bureau de Réception et Traitement de Candidature de la CENI pour le même cycle électoral. Le règne de 18 ans de Joseph Kabila a laissé une empreinte profonde sur la RD Congo, marquée par des défis, des controverses et des bouleversements politiques que d’aucuns feignent de découvrir maintenant.
Depuis presque 30 ans, le pouvoir central basé à Kinshasa a souvent semblé distant de certaines provinces, avec des conséquences palpables que nous déplorons tous. En contrastant cet héritage avec l’éphémère visite de Félix Tshisekedi à Isiro de 15 minutes en 2023 pendant la campagne, où son bref passage n’a fait qu’exacerber le fossé entre les populations locales et le pouvoir central.
Un constat s’impose : l’indifférence envers les provinces éloignées persiste, alimentant le mécontentement et renforçant l’image d’une administration centrale déconnectée des aspirations particulières de certaines zones. Ces enjeux soulignent la nécessité d’une gouvernance inclusive, attentive aux besoins des territoires périphériques, pour renforcer l’unité et la cohésion nationales.
Dans ce contexte, le leadership provincial du Grand Chef Constant Lungagbe Ndatanadu incarne un défi crucial : Comment concilier les aspirations locales avec les impératifs nationaux, tout en redonnant à la province du Haut-Uélé son rôle de fier porte-étendard de la République ? C’est ce qui a manqué au Gouverneur sortant Christophe Baseane Nangaa, frère du chef rebelle de l’AFC-M23 Corneille Nangaa.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPA
(Avec Congo profond)