Alors que des églises dites traditionnelles (catholique et protestante) se montrent généralement prudentes en matière d’argent quand il s’agit des dons lors de la quête dominicale par exemple, les églises dîtes de réveil semblent avoir leurs propres logiques quant à ce.
A Kinshasa et un peu partout en République Démocratique du Congo, ces églises ont depuis toujours l’habitude d’indiquer un minimum de X dollars à donner pour l’offrande de chaque jour du culte. Des montants qui ne sont pas souvent pas à la portée de ces hommes et femmes qui sont venus écouter l’évangile.
Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux fait état d’un homme de Dieu humiliant publiquement à travers ses propos et ses gestes une femme venue se présenter devant lui avec 2000 Francs congolais pour solliciter une prière spéciale en sa personne.
Sans aucune pitié pour sa fidèle qui n’aurait rien en ce moment- là que cette modique somme d’argent à cause des problèmes physiques et sociaux auxquels elle ferait face, le prophète Kazongo Mulumba (puisque c’est lui qu’il s’agit), avait réagi par un comportement ne reflétant pas l’image d’un serviteur de Dieu digne de ce nom.
‘… Moi je ne suis pas pauvre pour recevoir une telle offrande ( Ndlr 2000 FC), les offrandes pareilles, il faut les donner aux pasteurs pauvres ! « , a-t-il réagi pour humilier devant l’assistance la porteuse de l’argent au grand dam de la majorité des membres de l’Eglise restés bouche bée.
Sur les réseaux sociaux, les réactions des internautes sont sèches à l’endroit de l’homme de Dieu. Certaines vont jusqu’à douter de son appel à servir dans le temple de Dieu. D’autres appelant même à quitter cette église de l’assemblée charismatique ‘ la Gloire de Kinshasa située dans le quartier Kapela dans la commune de Kalamu à Kinshasa.
Mais la vérité est que l’acte posé par le prophète Kazongo Mulumba est loin d’être un geste isolé au sein des églises de réveil. A en croire l’opinion Kinoise, une des caractéristiques des fondateurs desdites Assemblées sur toute l’étendue du territoire national
serait d’exiger inlassablement des offrandes, dons, dîmes et autres formes de libéralités en leur faveur, et ce, au nom du principe selon lequel celui qui travaille à l’hôtel mange à l’hôtel.
Plusieurs s’accordent à dire que ce seraient surtout des contraintes socioéconomiques ont poussé des hommes et des femmes à fonder ces églises-la, considérées comme de véritables créneaux porteurs de bonnes affaires.
Et d’être à coup sûr classées parmi les activités des secteurs informels, des gagnes pain par les propriétaires exploitant malignement la superstition de leurs membres pour s’enrichir.
A qui appartiendrait la faute quand hommes, femmes et enfants choisissent délibérément d’aller se faire membres d’une église où les prédications dans les cultes du dimanche et dans la semaine ainsi que des séminaires et conventions annuelles tournent presque exclusivement autour de la prospérité, de la délivrance de la pauvreté, de toujours semer…., ?
Conséquences : les pasteurs s’habillent richement, se déplacent à bord des jeeps, leurs enfants fréquentent des écoles privées et même consulaires ou en Europe, leurs femmes se livrent au commerce, voyageant à bord d’avion en Europe ou en Asie.
En revanche, les fidèles sont toujours en proie à la précarité sociale : ils sont même chaussés des maisons car incapables de payer les loyers, leurs enfants sont chassés de l’école par manque des frais de scolarité, ils passent même des nuits sans rien à mettre sous la dent….
L’opinion publique congolais n’ignore pas que la prolifération des églises surtout dans la capitale, Kinshasa, est un signe de sous développement. Et que beaucoup de ceux qui se disent ‘ hommes de Dieu ‘ n’auraient pas une vocation authentique.
Ce faisant, chacun doit aller prier son Dieu dans un lieu de culte où il doit cultiver spirituellement sa voie. Une église où les enseignements chrétiens qui sont dispensés par des hommes appelés véritablement par Dieu, sont de nature à susciter en eux une espérance éternelle.
Philippe Dephill Lipo