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Univers mythologique du Cameroun : Nanga, l’ancêtre albinos des Beti et ses sept enfants !

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La célébration internationale de la décennie de l’albinisme arrive à grands pas enjambés.

L’événement planétaire sera symboliquement célébré le 13 juin au 2024 alors que des activités de tous genres peuvent l’être pendant une année entière.

Des activités à caractère scientifique, social, sanitaire, éducative, culturel humanitaire et récréative dans le but de sensibiliser l’opinion ignorante à l’albinisme.

Dans ma publication de ce jour, j’ai choisi de vous faire part d’une légende envoûtante de Ngan Medza, le serpent mystique qui aurait permis aux Beti de traverser le fleuve Sanaga, non sans rebondissements.

Un récit fondateur qui continue de marquer l’imaginaire collectif. Il s’agit de Nanga, l’ancêtre albinos des Beti et ses sept enfants, un récit camerounais tiré de 237online.net et relayé par Sandrine Mbisa Onana

L’histoire des Beti est indissociable de celle de Nanga, leur ancêtre bantou albinos. Selon la tradition orale, relayée par le site 237online.com, Nanga aurait eu sept enfants : Kolo Beti, Eton Beti, Mvele Beti, Mvan Beti, Meka Beti (Les Maka), Bulu la fille, et Ntumu, le dernier-né.

Une fratrie qui donnerait naissance aux principaux sous-groupes composant le peuple Beti, à l’exception des Bulu, considérés comme des « neveux » issus de la seule fille de Nanga.

Cette généalogie mythique pose les fondements de l’identité Beti, un peuple fier et uni malgré sa diversité. Elle révèle aussi l’importance de la filiation et des liens du sang dans la structuration sociale et culturelle de cette communauté. Une base solide sur laquelle va se greffer le récit épique de la traversée de la Sanaga.

Fuyant les Foulbés, les Beti face au défi de la Sanaga
Nous sommes au 18ème siècle. Les Beti, alors établis dans l’Adamaoua, sont confrontés à la menace des Foulbés, un peuple musulman mené par le chef Ousman dan Fodio, bien décidé à islamiser tous les peuples animistes de la région.

Face à cette pression, les Beti n’ont d’autre choix que de fuir vers le sud, à travers la forêt dense.

Après des jours de marche éprouvante, ils atteignent enfin les rives de la Sanaga, fleuve majestueux et intimidant. Comment franchir cet obstacle qui semble infranchissable ?

C’est alors que survient le miracle : Dieu, dans son amour pour les Beti, leur envoie Ngan Medza, un serpent mythique long et puissant, pour les aider dans leur traversée. Une intervention divine qui va marquer à jamais la destinée de ce peuple.

Ngan Medza, le sauveur écailleux qui se retourne contre les Beti

La suite est digne des plus grands récits épiques. Les Beti entreprennent de traverser la Sanaga sur le dos de Ngan Medza, le serpent-boa providentiel.

Une opération périlleuse qui se déroule à la tombée de la nuit, éclairée par la seule lueur des torches de bambou. Tout se passe bien, jusqu’à ce que la curiosité et la maladresse ne viennent bouleverser le cours des choses.

Selon les versions, c’est un guerrier nommé Kolo Koulou qui, voulant s’appuyer sur ce qu’il pensait être un tronc d’arbre, plante sa lance dans le dos de Ngan Medza. Ou alors, c’est le porteur de torche situé à la queue du serpent qui, intrigué par la nature de leur « pont » vivant, laisse tomber quelques flammèches sur les écailles du reptile.

Résultat : Ngan Medza, blessé et furieux, se retourne violemment, précipitant dans les flots déchaînés les passagers qui se trouvaient sur son dos. Un drame qui laissera des traces indélébiles dans la mémoire collective.

Un peuple à jamais divisé par les eaux, jusqu’au pont d’Ebebda. Car les conséquences de cet incident sont lourdes pour le peuple Beti. Les dernières tribus, restées sur la rive en attendant leur tour, se retrouvent dans l’impossibilité de rejoindre leurs frères de l’autre côté. Une séparation cruelle et durable, qui fige la géographie humaine de part et d’autre de la Sanaga.

Pendant des décennies, voire des siècles, les Beti vivront ainsi, séparés par les eaux tumultueuses du fleuve, avec pour seul trait d’union le souvenir de Ngan Medza et de la tragédie qui a scellé leur destin. Il faudra attendre la construction du pont d’Ebebda pour que les échanges et les retrouvailles puissent enfin avoir lieu, cicatrisant peu à peu les plaies de cette déchirure originelle.

Aujourd’hui encore, la légende de Ngan Medza continue de hanter l’imaginaire des Beti. Un récit fondateur qui mêle mythologie, histoire et géographie, et qui dit tant de l’identité profonde de ce peuple.

Un héritage immatériel précieux, que les générations se transmettent avec fierté et émotion. Car au-delà du serpent mystique et de la traversée avortée, c’est toute l’âme Beti qui vibre dans les méandres de la Sanaga.

Philippe Dephill Lipo

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