Les députés nationaux ont adopté, au cours d’une plénière tenue le jeudi 19 septembre, le projet de loi portant prorogation de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, défendu par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba.
Au cours de cette plénière présidée par le Premier vice-président, l’honorable J.C Tshilumbayi, 331 députés nationaux ont voté pour, 4 contre et 3 se sont abstenus. Après l’adoption de ce projet de loi portant nouvelle prorogation de l’État de siège, conformément à l’article 144 de la Constitution, il a été envoyé au Sénat pour une seconde lecture.
Des députés du Nord-Kivu et de l’Ituri s’y opposent !
Cet état de siège, décrété depuis mai 2021 par le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, ne semble plus arranger tous les députés nationaux.
Les députés nationaux du Nord-Kivu et de l’Ituri, soutenus par ceux du Sud-Kivu, ont exprimé leur ras-le-bol.
Pour ces élus nationaux, l’état de siège est devenu aujourd’hui un business pour les généraux déployés sur le terrain.
« Ils exploitent illicitement les minerais au lieu d’aller protéger la population. Il y a trop de trafics entre les mouvements rebelles et certains officiers de l’armée. Pour aider le chef de l’État et la population, il faut être franc dans les discussions qui pourront permettre d’avoir des recommandations et des orientations qui permettront de ramener le calme », a affirmé le député national Gratien Iracan, élu de Bunia, dans la province de l’Ituri.
De son côté, le député Justin Bitakwira, élu d’Uvira dans le Sud-Kivu, a indiqué que le chef de l’État Félix Tshisekedi a intérêt à les écouter pour que cette guerre prenne fin.
« On nous interdit de nous plaindre, nous qui subissons la guerre. Et c’est ici le moment de dire au président de la République qu’il a intérêt à nous écouter pour que cette guerre prenne fin », a-t-il déclaré.
À l’en croire, continuer à voter d’une manière automatique l’état de siège, sans évaluer son apport, c’est une haute trahison.
« Nous sommes indignés quand nous voyons que dans les négociations qui se tiennent, que ce soit à Luanda, à Nairobi ou ailleurs, les leaders de l’Ituri, du Nord-Kivu ou du Sud-Kivu ne sont pas parmi les délégués de la RDC. Si cette situation persiste, nous choisirons un autre lieu où nous irons discuter de notre sort et de celui de notre peuple. Nous sommes sérieux. Continuer à voter d’une manière automatique l’état de siège, sans évaluer son apport, c’est une haute trahison », a affirmé Bitakwira.
Dans son discours sur l’état de la nation, tenu le mardi 14 novembre de l’année passée devant les deux chambres du parlement réunies en congrès au Palais du Peuple, le chef de l’État Félix Tshisekedi avait fait savoir au peuple que l’état de siège a permis non seulement de démasquer, mais aussi de démanteler les réseaux criminels et mafieux constitués par les ennemis de la République dans le trafic illicite des ressources.
Pour lui, ce régime d’exception (état de siège) a permis l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines zones des deux provinces concernées, à savoir les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Notamment, la réduction de la fraude minière et douanière transfrontalière qui alimente ces conflits, la réduction des tensions intercommunautaires, ainsi que la stabilité de l’administration à travers le rétablissement de l’autorité de l’État.
Eldad Bwetusanga