Ils en ont marre des tracasseries routières, des arrestations arbitraires et de la présence de plusieurs services sur le terrain ; les motocyclistes du tronçon UPN, Selembao et Moulaert à Bandalungwa ont déclenché, le lundi 30 septembre 2024, à Kinshasa, une grève sèche pour exprimer leur ras-le-bol à ce sujet.
Ces conducteurs de moto-taxis appelés communément « wewa » ont pris d’assaut l’ancienne avenue 24 novembre avec des rameaux, en passant par Camping, Permanence, Dépôt pour enfin déboucher au terminus de Selembao. Chemin faisant, les phares étaient allumés, les claxons résonnaient pour exprimer leur protestation contre ce qu’ils qualifient de tracasseries.
Ce même exercice s’est poursuivi dès le terminus de Selembao, en passant par Landu, Prison, Petit Pont jusqu’au parking de Moulaert dans la commune de Bandalungwa.
Interrogés, quelques wewa ont donné ici la motivation de ce mouvement de grève dû aux tracasseries routières, à la saisie des motos et au manque de parking moderne.
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« … Nous manifestons ce jour pour exprimer notre désarroi face aux tracasseries routières et aux arrestations arbitraires dont les motocyclistes souffrent au quotidien. Nous quittons nos maisons pour venir chercher de l’argent en transportant des passagers. Mais sur la chaussée, nous rencontrons plusieurs services : les PCR, les bureaux 2, les agents de transport sans bulletin de service, et tous nous arrêtent. Finalement, nous ne comprenons pas qui fait quoi sur la chaussée. Et qui doit arrêter réellement un wewa en cas d’infraction. Les autorités circulent ici sur 24 novembre à sens unique, elles brûlent le feu de signalisation à l’entrée du Triomphal, et en aucun jour les policiers de roulage et les bureaux 2 ne les arrêtent. Je me demande s’ils sont au-dessus de la loi. Le conducteur de moto-taxi est un parent qui cherche à nourrir sa famille. Même si vous avez tous vos documents, les PCR viennent vous ravir la clé de contact. Les montants exorbitants allant jusqu’à 300.000 FC nous déplorons ce genre de comportement. Un wewa n’est pas une vache à lait pour les PCR et le bureau 2 ; seul le service habilité doit réguler la circulation « , a dit d’un ton courroucé un conducteur de moto.
Pour Mutombo, les motocyclistes paient des frais de parking mais ne disposent pas d’un parking moderne.
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« … Nous payons quotidiennement des frais de parking mais nous ne disposons pas de parking moderne à l’UPN et à Selembao. Nous avons un seul parking à Moulaert qui est l’œuvre de Gecoco Mulumba que je remercie. Je me demande à quoi sert l’argent des parkings que nous payons journalièrement ; j’ai tous mes jetons comme preuve. Là, nous sommes en saison de pluie et le soleil ardent est au rendez-vous. Sans parking moderne, comment allons-nous nous abriter ? Parfois, nous manquons de passagers à cause du manque de parking. Nous voulons la construction d’un parking moderne ; sinon, nous allons arrêter de payer cet argent parce que ça ne nous sert à rien, nous ne sommes pas dupes en tout cas », a-t-il soulevé.
Dans la foulée, Djema (Ndlr : nom d’emprunt) dénonce haut et fort l’extorsion des motos par les éléments de la police qui, à leur tour, ne les retournent pas à leurs propriétaires: « Nous n’avons pas de panneaux de signalisation sur l’avenue du 24 novembre. La CNPR devrait en principe installer ces panneaux de signalisation. Parce que là, nous sommes la proie des policiers et des bureaux 2. Si les policiers, qui circulent aisément actuellement avec des bus sans plaques d’immatriculation, arrêtent votre moto et la mettent en fourrière, ils vous demandent de passer au commissariat provincial de Kinshasa pour la récupérer. Mais, chose grave, beaucoup de motos ne sont plus retrouvées. Nos collègues n’ont plus retrouvé leur moto une fois mises en fourrière. C’est aussi l’une de nos revendications : c’est-à-dire retrouver et récupérer les motos qui se sont volatilisées dans la nature après avoir été mises à la fourrière. »
Il sied de noter que cette protestation des Wewa a rendu le transport en commun difficile aux premières heures de la journée. Une situation qui a permis aux conducteurs de taxi et de taxi-bus de majorer à leur tour le prix de la course. Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Ance Tony