Le gouvernement britannique avait indiqué mercredi passé qu’il ne paierait pas le solde réclamé par Kigali d’un accord qui visait à expulser des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda mais qui a été abandonné l’an dernier.
« Comme indiqué clairement dans des notes verbales (communications diplomatiques, ndlr) entre le Royaume-Uni et le Rwanda, aucun autre paiement ne sera effectué », avait écrit le ministère de l’Intérieur britannique dans un communiqué. « Le Rwanda avait renoncé à tout paiement supplémentaire », affirme-t-il.
Kigali avait cependant réclamé lundi passé à Londres le règlement du solde de l’accord, soit 50 millions de livres sterling (environ 60 millions d’euros), sur fond de tensions diplomatiques entre les deux pays.
Le gouvernement conservateur de Boris Johnson avait annoncé en 2022 le projet très controversé d’expulser au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Mais il ne s’est jamais concrétisé.
A son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le travailliste Keir Starmer avait annoncé l’abandon de l’accord avec le Rwanda. Il s’agissait de « gaspillage de l’argent du contribuable », avait écrit le ministère de l’Intérieur dans son communiqué.
Le Rwanda avait alors prévenu que l’accord ne prévoyait pas la restitution des fonds déjà versés par Londres à Kigali (240 millions de livres sterling, soit 288 millions d’euros). Il restait 50 millions de livres sterling à payer.
Les relations entre Londres et Kigali sont actuellement tendues. Le Royaume-Uni avait annoncé la semaine dernière la suspension de la majorité de ses aides financières au Rwanda, en réponse à l’offensive du groupe armé M23 allié aux forces rwandaises dans l’est de la République démocratique du Congo.
Le gouvernement rwandais avait dénoncé ces « mesures punitives » et riposté en demandant le versement des « fonds auxquels le Royaume-Uni est légalement tenu » dans le cadre de l’ancien accord migratoire.
Le M23 (« Mouvement du 23 mars »), qui a repris les armes fin 2021 et est appuyé par 4.000 soldats rwandais déployés dans la région, selon des experts de l’ONU, s’est emparé mi-février de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, après avoir pris fin janvier le contrôle de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
LRP/AFP