Au cours d’une conférence de presse tenue ce mardi 24 décembre 2024 par son Directeur Exécutif, Rostin Manketa à son siège de Matonge, la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV), a balayé la situation socio-politiques de l’heure et leurs conséquences sur la situation des droits de l’homme en RDC.
Du débat autour de la révision ou changement de la Constitution en passant par le dialogue ou pas avec le M23 soutenu par le Rwanda après l’échec de la tripartite Rwanda, RDC, Angola ; les déclarations officielles sur l’application de la peine de mort contre certains jeunes délinquants comunement appelés Kulunas et les nombreuses revendications sociales dont celles des conseillers communaux abandonnés à leur triste sort, tout a été passé au peigne fin.
Révision ou changement de la Constitution
À ce sujet, la VSV se réjouit de l’exercice des libertés d’expression et d’opinion dont ont joui il y a quelques semaines, des leaders sociaux et politiques sur cette question cruciale d’intérêt général. Elle félicite les autorités congolaises et les forces de sécurité, du fait que quelques récentes manifestations de l’opposition politique ainsi que celles des partis politiques proches de la majorité au pouvoir sur la révision ou le changement de la Constitution, se soient déroulées sans incident majeur, contrairement à ce qui s’est passé en date de jeudi 14 novembre 2024 à Kinshasa, avec la répression de la manifestation des opposants politiques, suivie de l’interpellation brutale et musclée de l’opposant Delly Sesanga.
À cela s’ajoute l’enlèvement par les forces de sécurité, plusieurs membres de l’ECIDE de l’opposant Martin Fayulu, pendant qu’ils menaient leurs activités de sensibilisation contre la révision de la Constitution.
Par ailleurs, la VSV salue le fait qu’au cours du Conseil des ministres du vendredi 15 novembre 2024, le Président de la République Félix Tshisekedi ait condamné et déploré l’interpellation brutale de l’opposant politique Delly Sesanga et instruit en même temps le Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières, de prendre des dispositions préventives nécessaires, pour l’encadrement des manifestations publiques, pour éviter que des dérapages similaires ne se reproduisent dans les rangs de la Police nationale congolaise (PNC).
La VSV déplore cependant, l’intolérance politique qui entoure ce débat et dont font montre certains acteurs politiques, principalement ceux proches du pouvoir de Kinshasa, en s’attaquant à leurs adversaires politiques et à d’autres personnes y compris de la société civile qu’ils accusent de tous les maux et d’être contre le pouvoir du président de la République.
(…) Dans le même ordre d’idées, la VSV invite les opérateurs politiques de l’opposition, de mieux informer la population et de ne pas profiter de son ignorance sur certaines matières. » En effet, qu’on soit d’accord ou pas, il est objectif de reconnaître que le président de la République est en droit de prendre l’initiative ou d’évoquer l’idée de la révision de la Constitution, conformément à l’article 218 de la Constitution et cela, ne devrait poser aucun problème « , estime-t-on au sein de la VSV.
Cependant souligne la VSV, la même Constitution en son article 219, dispose » Aucune révision de la Constitution ne peut intervenir pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège ni pendant l’intérim à la présidence de la République ni lorsque l’Assemblée nationale et le Sénat se trouvent empêchés de se réunir librement « .
Pour la VSV, les congolaises et congolais y compris ceux au pouvoir et de l’opposition toutes tendances confondues, doivent plus concentrer leurs efforts sur la fin de l’agression du Rwanda et surtout la récupération de tous les espaces entre les mains du M23 soutenu par le Rwanda.
Par conséquent, la VSV dit non à la révision de la Constitution dans les conditions et contexte actuels, au risque d’entamer davantage la cohésion nationale pourtant nécessaire en ce moment précis d’agression et d’occupation des parties du territoire congolais. » Agir autrement, serait profitable à ceux et celles qui tiennent à la balkanisation de la RD Congo « , estime la VSV, ajoutant que la révision de la Constitution sera souhaitable dès que les conditions seront réunies, pour corriger certaines faiblesses avérées, dont entre autres, la territoriale des originaires devant être remplacer par la territoriale des non-originaires, pour renforcer la gouvernance et l’unité nationale.
Dialogue ou pas avec le M23 soutenu par le Rwanda
La VSV est d’avis que le dialogue est très important et doit être permanent dans tout Etat. Néanmoins, la VSV s’interroge pour le cas du régime rwandais. Comment ce régime peut-il subordonner tout dialogue avec la RDC, par le dialogue entre celle-ci et le M23; alors que lui-même n’a jamais souhaité dialoguer avec ses opposants et moins encore avec les FDLR ?
Au contraire, au regard des crimes et des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commis par le M23 en RD Congo, la VSV encourage le gouvernement congolais, à ne dialoguer qu’avec le régime rwandais et non avec le M23. Elle invite en même temps la communauté internationale, d’oeuvrer dans ce sens.
En effet, la VSV estime que le dialogue avec le M23 impliquerait le processus de mixage et brassage et de partage des postes de responsabilité à divers niveaux, ce qui est à la base de l’infiltration des FARDC et des services de sécurité congolais pour les affaiblir au profit des armées des pays voisins.
Quid de la peine de mort ?
Sur cette question, la VSV rappelle aux autorités congolaises que le premier des droits de l’homme, est le droit à la vie. Conformément aux instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux, nul n’a le droit de priver quelqu’un du droit à la vie et aucun motif ne saurait justifier cela. Raison pour laquelle, la VSV réitère sa position reprise dans son communiqué de presse n°023 du 14 septembre 2024, que la peine de mort est un traitement avilissant, cruel, inhumain et dégradant. Quiconque l’applique viole indubitablement les droits humains dont le droit à la vie, gaganti à toute personne.
Par ailleurs, la VSV affirme que les défenseurs des droits humains en RD Congo, n’apportent aucun soutien aux Kuluna, auteurs des atteintes graves aux droits de l’homme, mais restent plutôt attachés aux principes de respect des droits humains.
Des revendications sociales
Sur ce chapitre, la VSV se dit vivement préoccupée par la succession des revendications sociales légitimes, se traduisant par des grèves ou annonces de grève de plusieurs couches socioprofessionnelles et de certains élus en RD Congo.
Parmi les plus récentes, la VSV cité celles des conseillers communaux, qui ont eu à organiser des manifestations pacifiques y compris devant la primature, mais sans succès ; alors qu’ils sont des élus à la base.
La VSV plaide donc pour la prise en compte des revendications de ces élus locaux, sinon pourquoi avoir gaspillé les fonds du Trésor public pour les élections des conseillers communaux si ces derniers ne peuvent pas faire le travail pour lequel ils ont été élus.
Pour la VSV, la solution idoine pour apporter satisfaction à toutes les revendications sociales, passe impérativement par la réduction très attendue, du train de vie des animateurs et des membres de toutes les institutions de la République et autres.
José Wakadila