En RDC, la pratique de la torture, des traitements cruels, inhumains et dégradants, est à la mode dans plusieurs parties du pays. Pour fustiger cet état des choses, la Voix des Sans Voix (VSV) pour les droits de l’homme a dénoncé ce phénomène au cours d’une conférence de presse animée dimanche 26 juin 2022 par Mme Laurette Misenga, Directrice exécutif adjoint, à l’occasion de la Journée internationale contre la torture célébrée le 26 juin de chaque année, pour soutenir les victimes de la torture.
La VSV a saisit cette occasion pour présenter son projet « Dignité Humaine : Stop à la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants », financé par l’Ambassade de la République Fédérale d’Allemagne en RDC, pour une durée de dix (10) mois. Ce projet mis en oeuvre dans trois (3) provinces notamment la province du Kongo Central, la province du Sud-Ubangi et la province de l’Equateur a comme activités:
– L’organisation des ateliers de renforcement des capacités des acteurs locaux de la Société Civile sur les mécanismes nationaux de prévention, sur les notions des droits de l’homme, la torture, les techniques d’enquêtes, de monitoring et de la documentation des cas de torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
- La sensibilisation des étudiants et élèves majeurs sur la lutte contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
- Le monitoring et la documentation des cas de torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
- L‘implantation des Cellules d’Ecoute et d’Accompagnement Psychosocial des Victimes/survivants de Torture ;
- Le Lobbying et plaidoyer.
Grâce à ce projet souligne Mme Misenga, la VSV a déjà une base des données de cent et deux (102) victimes de torture et autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les trois (3) provinces précitées, où les tortionnaires de ces victimes devront répondre de leurs actes, afin de lutter effectivement contre les violations des droits humains en RDC.
Que comprendre de la torture ?
La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1984 et qui est entrée en vigueur en 1987 définit la torture comme tout acte par lequel une douleur, ou des souffrances aiguiës ou mentales sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tièrce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tièrce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tièrce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination, quelle qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement expres ou tacite.
L‘article 2, alinéa 1 de cette Convention dispose « Tout Etat partie prend des mesures législatives, administratives et autres mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture soient commis dans tout territoire sous sa juridiction»
L’alinéa 2 du même article dispose « Aucune circonstance exceptionnelle quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoqué pour justifier la torture»
La VSV rappelle que la RDC qui a adhéré depuis le 18 mars 1996 à cette Convention, dispose conformément à l‘article 2 de celle-ci, alinéa 1, la loi N°11/008 du 09 juillet 2011 portant criminalisation de la torture. Cette loi est une grande avancée, mais peu connue non seulement de la population, mais également de certaines autorités et souffre d’application sur presque l’ensemble du territoire national. « D’où l’intérêt et l’importance du projet de la VSV financé par l’Ambassade de la République Fédérale d’Allemagne en RDC », estime-t-on au sein de cette organisation de défense des droits de l‘homme.
A l’issue de la conférence de presse, des images montrant les images des personnes torturées à Boma, Matadi et Sud-Ubangi, ont été présentées à la presse.En dehors de cette base des données de 102 victimes des tortures, des traitements cruels, inhumains et dégradants acquise grâce au projet financé par l’ambassade d’Allemagne, la VSV dit poursuivre la documentation, afin de répertorier d’autres cas à la fin du projet.
José Wakadila